Motus et bouche tendue
Bienvenue dans ce nouveau numéro du Point Q !
Un petit bijou qui te plonge dans l’univers du sexe et démystifie l’inconnue nommée « plaisir ». Tous les lundis, on débusque ensemble des fake news, on parle santé sexuelle, culture érotique, sexualité queer. On échange sur les nouvelles manières de faire l’amour en 2020.
Selon un petit sondage, réalisé par nos soins sur Instagram, vous seriez 85 % (sur 59 répondant·e·s) à pratiquer le sexe oral. Ce n’est pas rien et c’est pour ça qu’on a décidé d’en parler cette semaine (également parce que vous nous aviez déjà suggéré ce thème). On s’est plongé dans les méandres (théoriques) de la fellation, du cunnilingus et de l’anulingus, pour vous éclairer sur l’essentiel, lever vos peurs, et peut-être faire naître de nouveaux moments de plaisir.
Orianne a recueilli vos témoignages (inclusifs comme on les aime) sur vos expériences du sexe oral. On en a tiré deux leçons, qu’on vous partage : tout d’abord, « tous les goûts sont dans la nature » jusqu’au fond du lit, et ensuite, on a tout a fait le droit de ne pas aimer déguster ou être dégusté·e, c’est assez courant aussi finalement. Dans ce cas, on communique (comme toujouuuuurs) — et on rappelle que la pénétration non consentie, même avec une langue, c’est un viol. Dans le débunk, Tom lève les tabous sur l’anulingus, tant sur son aspect hygiénique que sur ses pratiquant·e·s. Et enfin, dans la bonne nouvelle, Juliette joue au docteur Maboul, c’est la minute prévention ! La chlamydia, les gonorrhées et la syphilis aiment aussi vos petites gencives.
Et enfin, celui qui étire nos paumettes et nos consciences, avec sa dose de transgression bien sentie, c’est Morgan, notre dessinateur ! Avis aux hétéro-curieux, en bas de cette newsletter !
On vous souhaite tout plein de bonheur, et de trouver des partenaires dans les 20 km à la ronde,
Le Point Q.
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Et toi, le sexe oral ?
Par Orianne
- Diane, 25 ans, bisexuelle, célibataire
« J’aime beaucoup l’idée de donner du plaisir à mon/ma partenaire de manière générale. C’est hyper important pour moi parce que ça m’excite de savoir que l’autre prend du plaisir. C’est aussi une histoire de pouvoir que tu as sur la personne. Pour le cunni, je n’en ai jamais fait. En tout cas, il y a une personne avec qui j’aimerais bien essayer. J’ai assez hâte d’apprendre et de voir comment on fait. Je suis sûre que ce sera similaire à une fellation. J’ai envie de donner du plaisir à la fille en question. »
- Nox*, 27 ans, pansexuelle**, célibataire
« Ce qui me plaît, c’est donner du plaisir sans forcément en recevoir en retour. C’est vraiment un don, un moment où l’on s’occupe de son/sa partenaire. C’est important que ce ne soit pas toujours donnant-donnant. Il y a cette sensation où on a la main sur ce qui se passe : la rapidité, la lenteur avec laquelle on veut que ça se passe. Je trouve ça assez gratifiant qu’on me confie cette partie de l’anatomie sensible, précieuse un peu dans la pudeur. Du point de vue de l’échange c’est important, on peut dire ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas. Ça permet de se rapprocher et de mieux connaitre la personne. Après il faut toujours que ce soit dans le respect de l’autre. »
- Julien, 24 ans, hétérosexuel, en couple
« La fellation, ce n’est pas quelque chose qui me fait vraiment kiffer. On va dire que c’est bon à prendre mais je ne suis pas en demande. À chaque fois que j’ai des rapports, il y a toujours un moment où j’ai l’impression qu’une fois que j’ai donné, c’est à son tour de le faire. Mais moi je m’en fiche que ma partenaire me fasse une fellation ou pas. Ça arrive que la fille se mette en position et que je lui dise non t’inquiète et je l’embrasse. Spontanément, j’essaie d’éviter. Sinon, moi, j’aime bien faire des cunnis. J’aime vraiment sentir l’excitation monter chez ma partenaire. En ce moment je suis avec une fille, et de son côté elle n’a pas eu de bonnes expériences donc je ne lui en fais pas. Les rapports deviennent un peu pénétration-centrés. Résultat, j’ai une petite frustration parce que j’adore en faire. »
- Delphine, 24 ans, hétérosexuelle, célibataire
« Quand c’est bien fait, j’aime bien les cunnilingus. Mais c’est peu souvent que je trouve un partenaire qui me fait du bien, parce que j’ai un clitoris sensible. J’ai l’impression que parmi toutes mes relations, il n’y en a eu qu’un seul qui a réussi à me faire plaisir comme ça. Sinon, j’aime réellement faire des fellations. C’est un acte tout à fait spontané, et parfois ça peut surprendre mon partenaire car il peut être habitué au cliché fellation = corvée. Pour moi c’est normal. J’aime sentir mon partenaire tressaillir et pousser des soupirs lorsque je lui fais plaisir. »
* Ce prénom a été modifié
** Qui est attiré·e par une personne peu importe son sexe ou son identité de genre
Illustration : Camille Joblin
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On débunke !
Par Tom
Anulingus : vous avez dit tabou ?
PAS EXACTEMENT
Parmi les diverses pratiques sexuelles orales, l’anulingus est sûrement la plus taboue. Et on peut comprendre pourquoi : au premier abord, stimuler avec sa langue le rectum de son ou sa partenaire peut sembler incongru, voire carrément dégoûtant. Pourtant, l’anus est une zone très érogène et il serait dommage de passer à côté de ses plaisirs !
Premier blocage : la saleté. Qu’on le veuille ou non, l’anus reste associé au 💩, et cela peut entraîner une réaction de rejet pour la personne pratiquant l’anulingus, et une difficulté à se détendre pour celle le recevant. Pourtant, avec une bonne hygiène, l’anus n’est pas plus sale qu’une vulve ou qu’un pénis. Et si cette question te préoccupe, alors pourquoi ne pas prendre une douche avec ton ou ta partenaire juste avant d’essayer ? En plus de vous rassurer tous les deux, cela peut être l’occasion de faire monter l’excitation avec des caresses sous l’eau chaude.
Autre préjugé : l’anulingus reste une pratique associée aux hommes gay. Cependant de plus en plus d’hétéros, hommes comme femmes, admettent avoir déjà léché l’anus de leur partenaire. Selon un sondage IFOP réalisé en février 2019 pour le magazine Elle, 26 % des femmes interrogées avaient déjà reçu un anulingus, mais seulement 15 % l’avaient déjà pratiqué sur leur partenaire. Un chiffre faible à mettre sur le compte du tabou du plaisir anal chez l’homme hétéro, dont je vous parlais dans notre tout premier numéro.
Malgré tout, selon le même sondage, l’anulingus reste deux fois moins pratiqué que la sodomie par exemple. Pourtant, en complément avec du lubrifiant, il peut être un excellent préliminaire avant une pénétration anale. Attention toutefois : mieux vaut éviter d’enchaîner un anulingus et un cunnilingus, afin de ne pas contaminer la flore vaginale avec des germes intestinaux.
Alors si tu as envie de tenter l’expérience avec ton ou ta partenaire, vous pourriez découvrir des plaisirs insoupçonnés…
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La bonne nouvelle
Par Juliette
Chupa Chups ? Oui mais jamais sans son emballage
Maintenant que vous êtes les rois et reines de la Chupa Chups, il nous reste un conseil à vous donner : protégez-vous les petits Points Q !
Herpès génital, gonorrhées, hépatite B, chlamydia… Ce sont quatre des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) par des pratiques de sexe oral (fellation, cunnilingus ou anulingus), de même que la syphilis (en recrudescence), le VIH et le papillomavirus humain (HPV). Si la plupart se soignent avec des antibiotiques, certaines peuvent avoir des conséquences à long terme (une chlamydia mal soignée peut entrainer l’infertilité, un papillomavirus provoquer un cancer du col de l’utérus ou de la gorge).
Les risques d’infection sont moins importants que lors d’une pénétration, mais ils sont non négligeables. Et les IST de manière générale sont en forte hausse en France, notamment chez les 15-24 ans. En 2017, les infections à gonocoque ont progressé de 70 % par rapport à 2015, et les infections à chlamydia de 15 %, selon Santé Publique France.
Lors du sexe oral, les infections ne se transmettent pas directement par la salive ou la bouche, mais lorsqu’il y a échange de muqueuses. C’est notamment le cas lorsqu’un partenaire a des lésions buccales, et c’est plus fréquent si on se lave fortement les dents avant un rapport ! Par exemple, si une personne a de l’herpès génital, elle peut le transmettre à la lèvre de son partenaire (herpès labial), et inversement.
Alors comment se protéger ? Il y a quatre outils :
1. Le vaccin. Mais il n’existe que pour l’hépatite B et le papillomavirus. Vérifiez vos carnets.
2. Le préservatif. Votre ami fellation, il évite l’échange de muqueuses.
3. La digue dentaire. Très méconnue, c’est un carré de latex qui permet de protéger les deux partenaires durant le cunnilingus et l’anulingus, à poser sur le sexe de ton ou ta partenaire. On n’en trouve pas toujours en pharmacie, tournez-vous donc plutôt sur des sites spécialisés sur Internet. Et pour savoir comment l’installer, c’est par ici (dans la vidéo).
4. Le dépistage. C’est le roi de ce top du sexe oral. Il n’existe aucun autre moyen d’être sûr que toi ou ton/ta partenaire (même vierge) n’est pas porteur (parfois sain) d’une IST. Si le dépistage est plus fréquent chez les couples gay, il est parfois oublié lors de pratiques de sexe oral entre personnes hétérosexuelles ou lesbiennes.
On peut se faire dépister gratuitement dans les Centre de Dépistage Anonymes et Gratuits (CDAG) et les Centres d’Information, de Dépistage et de Diagnostique des Infections Sexuellement Transmissibles (CIDDIST), et sinon une ordonnance chez le médecin remboursera une bonne partie de votre voyage au Laboratoire d’Analyse Médicale.
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Sous la plume de Morgan
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Merci Morgan ! On n’a pas parlé plus haut d’avaler ou non, ni de gorge profonde… Parce qu’on sait à quel point ton temps est précieux, le lundi matin. Et on en garde pour la suite ! Le plaisir, c’est bouchée par bouchée.
D’ici là, si tu veux nous faire des retours, c’est toujours avec grand plaisir (on est même très reconnaissant·e·s de cette démarche), sur Instagram, Facebook ou sur notre site !
Si tu veux abonner les copains et copines, tu peux leur partager ton lien de parrainage : https://lepointq.com?referrer={{ contact.EMAIL }} (en le sélectionnant avec le curseur et en faisant copier/coller sur WhatsApp et Messenger). Ça nous permettra de savoir que c’est grâce à toi que Didier s’est abonné, et peut-être qu’un jour, avec ce lien, tu gagneras des petites choses… On y réfléchit.
On te souhaite une super belle semaine,
Juliette, Orianne, Tom et Thaïs aka Le Point Q.