« Tes gestes lentement dirigés, sensualité… »
Bienvenue dans ce nouveau numéro du Point Q !
Un petit bijou qui te plonge dans l’univers du sexe et démystifie l’inconnue nommée « plaisir ». Tous les lundis, on débusque ensemble des fake news, on parle santé sexuelle, culture érotique, sexualité queer. On échange sur les nouvelles manières de faire l’amour en 2021.
Cette semaine, un numéro placé sous l’égide d’Axelle Red : on parle de toucher, de caresses, de peau à peau, et même de tantrisme. En somme, de sensualité !
Les caresses et le sexe non pénétratif vous inspirent ! Thaïs a échangé avec Marie, Donatien, Lola et Jeanne sur cet aspect de votre sexualité. Le tantrisme, ça vous parle ? Orianne vous explique tout de cette pratique et de cette philosophie, qui pourraient bien révolutionner vos rapports au lit ! Alors, prêt·e·s à jouir autrement ? Julien s’est demandé s’il était possible de jouir sans stimulation génitale. Une réponse très complète à retrouver dans le débunk ! Et pour finir, on vous propose de prolonger la lecture par une écoute, mais pas n’importe laquelle ! Rendez-vous à la fin de la newsletter.
C’est le retour de Morgan, qui vous parle de slow sex autour de la machine à café, pour combattre les préjugés !
Bonne lecture,
L’équipe du Point Q.
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Une sexualité sans pénétration, ça te plaît ?
Par Thaïs
- Marie — 26 ans, hétérosexuelle
« Pour moi, c’est un plaisir sexuel à part entière, un moment partagé à deux. Je trouve ça même plus intime, car on peut plus se concentrer vraiment sur son plaisir, et sur le plaisir de l’autre, surtout quand on retire la finalité que représente la pénétration.
Et cela même quand il n’y a pas de stimulation des parties intimes : je pense aux massages nus avec mon partenaire par exemple, c’est un moment où tu te concentres sur le corps de l’autre.
Je ne trouve pas ça forcément frustrant d’en rester à ce stade, parfois même ça permet aussi de faire monter le désir et rendre le rapport suivant plus intense. »
- Donatien* — 26 ans, hétérosexuel
« J’ai déjà eu des rapports sans pénétration, souvent parce que j’avais oublié de prendre un préservatif. Et finalement, j’ai vraiment aimé parce que tu passes plus de temps sur les préliminaires — qui n’en sont plus par définition. Tu utilises beaucoup plus tes mains aussi, et ça te pousse à être bien plus sensuel dans tes rapports.
C’est quelque chose qui du coup est génial à explorer, que j’aime maintenant combiner dans ma vie sexuelle avec un rapport plus classique, et pas forcément parce que j’ai oublié de prendre des protections. »
- Lola* — 24 ans, bisexuelle
« Avant, je ne considérais pas un rapport où il n’y avait pas de pénétration, comme sexuel.
Puis j’ai rencontré quelqu’un qui m’a montré que si ça l’était. On a eu plusieurs rapports sans, qui passaient par de longs préliminaires, de la masturbation mutuelle… Je me rappelle un cunni qui m’a fait jouir en moins de 10 minutes. Pendant très longtemps je me suis demandé si c’était ou non un “rapport sexuel”. Mais ça l’était, parce que j’ai joui, et c’est grâce à ça que j’ai compris qu’on pouvait se passer de la pénétration.
Je me suis renseignée et j’ai vu que ce qu’on appelle “préliminaires” pouvait en fait constituer l’ensemble du rapport. Je me suis rendu compte que je pouvais prendre du plaisir, même beaucoup plus de plaisir, avec cette forme de sexualité là.
Retirer la finalité de la pénétration, ça permet aussi d’explorer plus longtemps les plaisirs de l’autre. Je considère que la pénétration, parce qu’elle va provoquer l’orgasme de mon partenaire, signe la fin du rapport. Donc si je sais qu’il n’y aura jamais de pénétration, j’ai l’impression que je vais pouvoir jouir, parce qu’il n’y aura pas d’autre limite au rapport. »
- Jeanne* — 24 ans, hétérosexuelle
« J’aime bien alterner dans mes relations sexuelles entre quelque chose d’un peu “sauvage”, avec une pénétration rapide après quelques prélis, et d’autres fois aller plus lentement, prendre le temps de faire des caresses, de s’embrasser.
Le fait d’avoir des caresses crée de l’excitation, mais ça crée surtout du plaisir sur les zones caressées, notamment les seins ou à d’autres endroits qui sont sources de plaisir. C’est le but de faire l’amour, il n’y a pas que la pénétration et le plaisir un peu sauvage, je vois ça comme un plaisir plus subtil, mais qui est du même ordre. »
_* Les prénoms ont été modifiés_
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Vu d’ailleurs
Par Orianne
Tantrisme : à la découverte de nouvelles sensations
Le sexe tantrique, qu’est-ce que c’est ? Pour la plupart, on ne sait pas et on donne notre langue au chat !
Pour commencer, il est important de rappeler une chose : le tantrisme, c’est bien plus que simplement du sexe, comme l’explique Didier Cos, organisateur de l’évènement We Tantra Event : « Si on prend le tantra à la base, la sexualité représente une petite partie du tantra. » Ce courant spirituel, qui existe depuis des millénaires, provient tout droit du nord de l’Inde. On le lie beaucoup au dieu Shiva. Le tantra imprègne d’ailleurs plusieurs courants religieux, notamment l’hindouisme et le bouddhisme. Par définition, le tantrisme c’est un ensemble de textes, de rituels invitant à l’éveil de tous les sens. Le tantrisme, qui mêle médiation et respiration, nous plonge dans un état de conscience profond.
Pourquoi parle-t-on de sexe tantrique ? La sexualité dans le tantra consiste en une vraie fusion entre le corps et l’âme : spiritualité et sexualité sont reliées. Le tantra peut se pratiquer à deux, avec un homme ou une femme, en couple, ou avec une toute autre personne. En bref, tout est possible. Il faut simplement apprendre à se relaxer et être en accord avec soi-même et son partenaire. Tout se joue sur la lenteur : « Le sexe tantrique peut se faire par la parole, les murmures, le toucher. Tout cela est toujours très délicat, détaille Didier Cos. C’est aussi pour ça qu’on parle de “slow sex”. C’est en pleine conscience de ce que l’on fait. » Il est possible de rapprocher les corps, de se déshabiller (ou pas) pour entamer un massage et ouvrir ses chakras (dans le yoga, chacun des sept points du corps où se concentre l’énergie vitale).
Même s’il peut sembler difficile à atteindre, l’orgasme tantrique, bien qu’il soit assez mystique, existe bel et bien. Mais il ne s’apparente en rien à un orgasme habituel. On parle d’ailleurs plutôt d’extase : « C’est une vibration interne. Ça n’a rien à voir avec du sexe pur et dur. C’est de l’expansion et en même temps une communion avec soi, l’autre, et l’Univers. » Le but de cette pratique n’est pas d’atteindre l’orgasme mais bien d’éveiller chaque sens et surtout de conscientiser ce que l’on veut et ce que l’on ne veut pas.
Si vous voulez vous y mettre, il est important de créer une ambiance propice à la relaxation. Allumez des bougies, tamisez la lumière et focalisez-vous sur vos sensations. Vous pouvez aussi suivre des stages ou des ateliers afin d’être accompagné·e·s dans cette pratique. Il faut beaucoup de patience également. L’extase se cherche… et ne vient pas en un claquement de doigt !
Envie d’en découvrir davantage ? Participez à l’événement de tantrisme inclusif We Tantra Event qui se déroulera à Houdan, à une heure de Paris, en janvier 2022 ! Toutes les informations sur leur site.
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On débunke !
Par Julien
Jouir sans stimulation génitale : est-ce possible ?
VRAI
Vulve, clitoris, prostate, pénis… Souvent, et même très souvent, l’appareil génital se trouve au cœur des rapports intimes. Mais si on le met de côté et que l’on stimule d’autres parties du corps, est-il seulement possible de ressentir un niveau de plaisir intense ?
C’est bien ce que la recherche scientifique a découvert. Une zone, en particulier, suscite un fort intérêt : les tétons.
En 2011, une équipe de l’université Rutgers, dans le New Jersey, a demandé à onze femmes de stimuler leurs parties intimes, dont leurs seins, tout en observant leur cerveau par IRM. Les chercheurs ont alors fait une découverte « inattendue » : l’excitation des tétons active une zone du cerveau appelée cortex sensoriel génital, que l’on pensait réservée aux stimulations du clitoris, du vagin et du col de l’utérus.
De quoi confirmer le caractère « érogène » des tétons, affirment les chercheurs, et soutenir les récits — certes rares — d’orgasmes par stimulation des seins que rapportait la revue Sexual and Relationship Therapy. 82 % des femmes et 52 % des hommes interrogé·e·s affirmaient d’ailleurs que la manipulation de cette zone accroissait leur plaisir sexuel.
Chez certaines personnes handicapées moteurs qui ont notamment perdu la sensibilité de leurs membres inférieurs, un autre phénomène peut avoir lieu : le transfert érogène. Au lieu de se concentrer sur les parties génitales, d’autres parties du corps comme le cou, les doigts ou les oreilles, se révèlent alors des sources de plaisir intense.
Et quid du cerveau ? Peut-on, par la pensée, atteindre l’orgasme, comme l’affirment plusieurs hypothèses formulées dans la deuxième partie du XXe siècle ? Aussi étrange que cela puisse paraître, cela serait bien vrai. Cela porte même un nom : la psycholagnie.
En 2010, interrogé sur la chaîne américaine Lifetime, un chercheur de l’université Rutgers rapportait ainsi, après des expériences par IRM, que l’excitation par l’imagination menait à des réactions cérébrales similaires à l’excitation physique.
Et même si atteindre l’orgasme par le seul moyen de l’esprit semble rester complexe, ces résultats confirment au moins une chose : les pensées qui passent dans votre tête sont bien primordiales lors d’un rapport intime.
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La bonne nouvelle
Par Le Point Q
Le Point Q × Radio Campus Tours
Si tu trouves que nos newsletters sont trop courtes, et si tu veux en apprendre toujours plus sur le slow sex, Le Point Q a une bonne nouvelle pour toi !
Les étudiant·e·s de l’IUT de Tours lancent une nouvelle chronique dédiée à la sexualité sur leur antenne Radio Campus Tours, dont nous sommes partenaires. Pour continuer à parler de sensualité, rendez-vous ce vendredi à 7h15 pour Good Morning Tours. Nos confrères et consœurs de l’école de journalisme de Tours te proposeront une super matinale, dans laquelle iels parleront de sexualité, dans la joie et la bonne humeur.
Un rendez-vous à ne pas manquer, sur 99.5 FM ou en ligne.
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Sous la plume de Morgan
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Le Point Q numéro 37, c’est fini !
On espère que cette lecture fut douce comme une caresse… et qu’elle vous aura donné des idées de nouvelles manières de faire l’amour en 2021 ! N’hésite pas à partager la douceur !
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À la semaine prochaine,
Julien, Juliette, Ophélie, Orianne, Tom, Thaïs et Valentin, aka Le Point Q.