« Mangez-moi, mangez-moi… »

Bienvenue dans ce nouveau numéro du Point Q !

Un petit bijou qui te plonge dans l’univers du sexe et démystifie l’inconnue nommée « plaisir ». Tous les lundis, on débusque ensemble des fake news, on parle santé sexuelle, culture érotique, sexualité queer. On échange sur les nouvelles manières de faire l’amour en… 2021 !

Vous êtes 930 à nous suivre sur Instagram et 800 à recevoir cette newsletter par mail tous les lundis. Merci, c’est vertigineux ! On explose ensemble la barre des 1.000 ?

Pour cette reprise ensoleillée, on vous devait au moins une double dose de plaisir ! Promesse tenue, on vous a concocté un numéro sexe et nourriture, pour allier deux de nos activités favorites. Et on n’est pas les seul·e·s, un tiers des Français·e·s sont incapables de choisir entre les deux ! Selon un sondage IFOP pour Just Eat, 30 % préfèrent manger plutôt que faire l’amour, et autant préfèrent les mets du lit. Et vous ?

Dans les témoignages, Orianne a recueilli vos meilleures expériences avec des aliments incongrus… comme l’huître ! Valentin prend soin de votre santé : est-ce dangereux de faire l’amour sucré/salé ? Réponse dans le débunk. Pour le Vu d’ailleurs, direction le Japon… où l’on déguste des sushis sur le corps des femmes. Thaïs nous présente le Nyotaimori ! Et la quéquetterie, ça vous dit quelque chose ? Il paraît qu’il existe une boutique où on peut manger des gaufres en forme de quéquettes et de foufounes, nappées de tout ce que vous voulez. C’est Tom qui fait la visite, et c’est la bonne nouvelle de la semaine : Le Point Q vous offre désormais des reportages !

Morgan, notre dessinateur adoré, reprend sa plume… Entre deux bières belges déconfinées, il vend des hot-dogs !

Nous sommes ravi·e·s de vous retrouver, et nous souhaitons aux plus chanceux·ses d’entre vous de déguster cette newsletter en terrasse !

L’équipe du Point Q.

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Plaisirs gourmands

Par Orianne

« Moi j’ai déjà testé avec des glaçons. C’est venu comme ça sur le vif. On était en train de boire l’apéro et dans mon cocktail il y avait un glaçon. C’est parti un peu en vrille. Et puis il y a un moment où j’ai bu une gorgée de mon verre et je me suis dit que j’allais lui faire une fellation en gardant le glaçon dans la bouche sans qu’il soit préparé. Ça l’a surpris.

C’était vraiment un jeu par la suite. Entre le côté chaud de la bouche, froid du glaçon, jouer avec, le déposer à une endroit au niveau de l’aine et partir avec la langue d’un autre côté, le garder et le remonter le long du torse puis le laisser glisser… Ce n’était pas calculé et complètement freestyle. On s’est embrassés avec le glaçon en bouche mais c’était plutôt moi la maîtresse du jeu et il a aimé se laisser faire donc c’était vraiment un moment plaisant pour les deux. »

« C’était lors d’un dîner de Noël à deux et avec une très grosse dose d’alcool. Quelques pas de danse dans un appartement et des baisers langoureux. On en vient à passer à l’action. Comme des enfants, on jouait avec les restes de notre dîner dont une huître fraîche. Dans un élan de plaisir, malgré une chaleur étouffante dans la pièce, j’ai coupé le pied de l’huître et l’ai posée dans le nombril de ma partenaire. Je l’ai mangée et j’ai ensuite épongé au maximum avec la langue et avec un coup d’essuie-tout. »

« J’ai déjà essayé avec de la chantilly, et pour l’instant c’est le seul aliment que j’ai utilisé. Pour nous deux c’était super cool. On en a mis seulement sur nos zones érogènes et selon nos envies. Ce n’était pas du tout désagréable et ça ne piquait pas. C’était seulement légèrement frais mais vraiment pas dérangeant. C’est venu d’un délire qu’on avait eu en début de relation. Si c’était à refaire je le referais. Notre relation était déjà pimentée mais avec cette expérience, ça a rajouté un petit plus. Pourquoi ne pas tester d’autre choses maintenant… »

« J’ai déjà testé avec du Nutella. J’avais mis le pot à côté de mon lit et je l’avais plus ou moins étalé sur ma chérie de l’époque (ventre et poitrine) pour ensuite lécher son corps. Mais… vous avez déjà essayé de lécher une cuillère de pâte à tartiner ? Il faut s’y prendre à 12 fois avant qu’il n’y en ait plus ! Du coup, ça collait beaucoup et j’avais la bouche pâteuse.

Il faut prévoir un grand verre d’eau à côté. En réalité, ça devient presque écœurant de lécher de grandes quantités de chocolat fondu. En plus ça laisse une odeur pas vraiment agréable. Je n’ai jamais réitéré. J’ai de la confiture à la maison alors j’en parlerai à mon copain. Je ne sais pas si une pipe confiture serait géniale avec le sucre qui va se coller dans les poils… J’ai hâte de galérer et d’avoir des fous rires ! »

* Les prénoms ont été modifiés

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Vu d’ailleurs

Par Thaïs

Le Nyotaimori ou déguster des sushis sur le corps d’une femme

Des sushis et sashimis soigneusement disposés sur les courbes d’un corps de femme nue, parfaitement épilée et inerte pendant des heures… Voilà en quoi consiste l’art du « nyotaimori », né au Japon féodal, mais largement revisité par l’imaginaire occidental.

Cette forme de dégustation serait apparue dans les maisons closes japonaises, où les samouraïs célébraient leur bataille en dégustant des mets sur le corps de geïshas — femmes qui consacrent leur vie aux arts traditionnels japonais —, ou encore en se délectant de saké versé sur le vagin. Le corps féminin emplirait alors les mets d’énergies vitales.

Aujourd’hui, le nyotaimori est surtout associé à un art culinaire plus qu’à une pratique érotique. C’est un art très codifié : les sushis sont généralement séparés du corps par des feuilles de bambous ou un film plastique, notamment pour des raisons d’hygiène. Les clients doivent attraper les sushis avec des baguettes et ne doivent pas toucher le corps de la femme ; les gestes inappropriés sont interdits.

Par ailleurs, l’exercice n’est pas aisé pour celles qui prêtent leur corps : elles se lavent au savon neutre pour ne pas dégager d’odeur, et s’aspergent d’eau froide pour faire descendre leur température corporelle (afin de ne pas réchauffer la nourriture). Enfin, il faut être capable de rester immobile pendant parfois 6 à 7 heures.

Cet art culinaire s’est exporté dans le monde entier, à tel point que les États-Unis proposent par exemple bien plus de nyotaimori que le Japon où est née la tradition — et pas forcément dans les formes japonaises. Pour des raisons d’hygiène, la Chine a interdit la pratique.

Au Japon comme ailleurs, le nyotaimori est loin de faire l’unanimité. Déjà, parce que le corps de la femme est complètement objectifié, réduit à l’état de présentoir à nourriture. Une chroniqueuse du Guardian, qui en a fait l’expérience en tant que cliente, explique ainsi avoir eu l’impression de voir un cadavre dans une morgue, face à ce corps de femme immobile. L’hypersexualisation de la femme qui va de pair est aussi souvent dénoncée. La pratique a son pendant masculin, le « nantaimori », qui reste bien plus marginal.

Les femmes qui le pratiquent assurent cependant faire cela par passion et elles prennent très à cœur leur travail. L’une d’elle a par exemple répondu aux curieux sur ce post Reddit.

Si la pratique mercantile et publique interroge, le nyotaimori peut être dans la sphère privée une nouvelle façon d’explorer le corps de son ou sa partenaire tout en dégustant de délicieux mets.

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On débunke !

Par Valentin

« Il n’y a pas de risque à mélanger sexe et nourriture »

FAUX

Selon un sondage IFOP réalisé en février 2020 pour Just Eat, 38 % des Français·e·s ont déjà introduit de la nourriture dans leur sexualité. Mais pour près d’une personne sur 10, cette expérience s’est mal terminée.

La vaginite, ça vous parle ? Cette infection bénigne mais désagréable des parties génitales concerne 75 % de la population féminine. Elle peut être causée par de nombreux facteurs, comme une IST ou une opération, mais aussi, et plus généralement, par une perturbation de la flore intime. Celle-ci est en effet très sensible aux changements d’acidité (pH) du vagin. Un contact prolongé avec du sucre (glucose) peut favoriser un développement anormal des levures et bactéries naturellement présentes dans le corps, déclenchant cette infection.

Le conseil du Point Q : on évite de mettre des aliments directement en contact avec les parties intimes. Le miel et la pâte à tartiner seront très bien autour des lèvres et de la verge, à condition de bien rincer le tout (à l’eau seulement !) après le rapport.

Par ailleurs, si vous êtes attiré·e·s par les concombres, pensez à utiliser un préservatif, pour limiter l’introduction d’agents pathogènes ou de pesticides.

Concernant ces aliments aux formes suggestives, il faut bien reconnaître qu’ils ne sont pas tout à fait adaptés à notre anatomie. Si vous ne risquez pas de perdre un concombre dans votre vagin, le problème est tout autre concernant l’anus. Les urgences regorgent de patient·e·s ayant « glissé » sur un légume. Sans base évasée comme certains sextoys, un effet de succion peut le conduire directement dans votre rectum, et là, direction l’hôpital !

Enfin, attention aux différences de température ! Avec l’arrivée des beaux jours, vous aurez peut-être envie de vous rafraîchir et de jouer avec des glaçons, comme dans le témoignage d’Amarante. Si leur usage n’est en général pas risqué, évitez le contact direct avec les parties sensibles, qui pourraient s’en retrouver brûlées. Idem pour les aliments chauds : la gynécologue Shree Datta alertait récemment sur le danger du chocolat fondu pour les organes génitaux.

En somme, prenez soin de vos parties intimes, qui sont bien plus fragiles que le reste de votre corps. Et bon appétit bien sûr !

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La bonne nouvelle

Par Tom

On a testé pour vous : des quéquettes et des foufounes au chocolat !

« Je sais pas comment tenir la quéquette, elle a l’air grosse ! » Rassurez-vous, le pénis dont il est question ici est fait de farine, de sucre et d’œufs. Nous sommes allés à « la quéquetterie », une boutique du 2e arrondissement de Paris proposant des gaufres coquines aux formes plus que suggestives.

Lycéennes et jeunes étudiantes, Jade, Thaïs, Houda et Clara sont venues entre amies pour tester le concept — qu’elles ont découvert sur TikTok. Elles ne sont pas seules : sur le trottoir de la rue d’Aboukir, une petite foule d’une cinquantaine de personnes déborde jusqu’au carrefour. Toutes et tous se pressent autour d’une pancarte pour faire leur choix parmi la douzaine de « quéquettes » et de « foufounes » gourmandes à la carte.

Chocolat blanc, caramel, banane, et même vermicelles arc-en-ciel, il y en a pour tous les goûts. Pour Thaïs ce sera coco vanille, « pour la sauce blanche ». Houda, elle, est plutôt caramel. Clara, que ses potes ont invitée pour son vingtième anniversaire, n’a pas encore fait son choix entre foufoune ou quéquette.

À l’intérieur de la pâtisserie, où les client·e·s rentrent par petits groupes pour respecter les règles sanitaires, l’ambiance est tamisée, avec néons et plantes tropicales. Derrière le comptoir, les employées s’interpellent en espagnol et s’affairent pour préparer les commandes, trempant vulves et phallus dans des bains de chocolat fondu et de milk-shake à la fraise.

Adaptée d’un concept venu de Thaïlande, la quéquetterie voit le jour en juin 2020, entre les deux confinements. À l’origine du projet : Taziana Jurdi, une jeune pâtissière et entrepreneure d’origine vénézuélienne, qui installe sa boutique dans un coin de son restaurant Fuumi, servant d’ordinaire des sushis-burritos. Avec la fermeture des restaurants en octobre, la quéquetterie lui permet de continuer à faire de la vente à emporter. Grâce à son succès, elle garde la tête hors de l’eau — malgré une baisse de chiffre d’affaires.

On ne peut s’empêcher de le remarquer : dans la queue, quasiment que des filles. La quéquette à déguster, encore un tabou pour les hommes ? « J’ai demandé à un pote s’il voulait venir aujourd’hui, raconte Jade. Il n’a pas voulu : il m’a dit qu’il n’était pas gay ! » Les lycéennes, elles, s’en fichent. « C’est juste une gaufre, il n’y a rien de bizarre, assure Houda. Le plus important pour nous c’est le goût… et la taille ! »

Alors, quéquette ou foufoune ? Avec Juliette, on a testé les deux, et on vous recommande ! Et si vous venez de la part du Point Q, vous avez droit à un topping gratuit : Nutella, chantilly, Oreo ou confiture, à vous de décider !

La quéquetterie, 28 rue d’Aboukir (75002 PARIS). À partir de 5 € pour une quéquette ou une foufoune.

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Sous la plume de Morgan


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Le sandwich, on valide pas… Mais il y a encore des tas de recettes à inventer sur la table de nuit, on compte sur ton imagination ! On espère que tu as autant souri à nous lire, que nous avons ri à la quéquetterie. Si tu veux y faire un saut, c’est ouvert de 11h à 21h tous les jours ! Et on le rappelle, tu as droit à un topping offert si tu viens de notre part.

Pour retrouver nos vingt-six précédentes newsletters (whaouuu), c’est sur le site lepointq.com. Si tu veux échanger avec nous cette semaine, on te répondra sur Instagram, Facebook et Twitter ! Si tu veux répondre à nos appels à témoignages, privilégie Insta. Pour les demandes pro (et les mots d’amour) on a un mail : contact@lepointq.com.

Le Point Q est encore pour quelques temps une aventure bénévole, celle d’un groupe d’ami·e·s qui prend un plaisir fou à écrire pour toi chaque semaine. Tu peux nous soutenir grâce à un petit don ponctuel ou régulier sur Tipeee.

Le Point Q c’est aussi une rencontre filante entre un projet innovant et une communauté fidèle, exaltante, qui change nos manières de vivre nos sexualités. Si tu veux qu’on grandisse ensemble, partage la newsletter à tes ami·e·s !

On te souhaite une excellente semaine, pour toujours plus de lundis matin à tes côtés !

Délicieusement,

Julien, Juliette, Orianne, Tom, Thaïs et Valentin, aka Le Point Q.

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