Leuleu sous couvre-feu

Bienvenue dans ce nouveau numéro du Point Q !

Un petit bijou qui te plonge dans l’univers du sexe et démystifie l’inconnue nommée « plaisir ». Tous les lundis, on débusque ensemble des fake news, on parle santé sexuelle, culture érotique, sexualité queer. On échange sur les nouvelles manières de faire l’amour en 2020.

Au programme cette semaine, les positions qui vous font sauter au plafond et qui rendent votre quotidien plus beau. En guide d’apéritif, on vous a demandé de nous raconter vos acrobaties favorites… Pour que certain·e·s se reconnaissent, et d’autres trouvent de l’inspiration.

En amuse-bouche, un débunk croustillant ! La levrette est-elle vraiment la position préférée des Français·e·s ? Dans le Vu d’ailleurs, notre globe-trotter Thaïs, que vous commencez à connaître, t’emmène en Inde, aux origines du kamasutra… Et c’est Tom qui se charge du dessert, avec une sacré bonne nouvelle. Si tu viens de faire ton coming-out, pas besoin de te poser la question au lit… Devant ou derrière ? Dominant ou dominé ? Les couples gays font très souvent fi de cette répartition des rôles, un peu clichée.

Que cette lecture réchauffe ta matinée. On est avec toi en ce lundi frisquet, L’équipe du Point Q.

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🤸 Ta position préférée au lit ?

Par Juliette

Thibaut, 24 ans : « L’union de l’huître (ou W) et pour finir la levrette…. On peut se dévorer du regard et la sensation de domination est agréable. Pour la levrette, c’est plutôt le côté animal, c’est plus pour des plans culs. »

Garance, 23 ans : « Si je suis d’humeur maîtrise, câlin et sans prise de risque, c’est l’Amazone qui se transforme parfois en déesse si mon copain se redresse. Si je suis d’humeur laisser faire, avec limite une envie de me faire dominer, c’est le missionnaire. Et puis en fonction de nous deux et des envies, on invente aussi des trucs très sympas ! »

Virgil, 24 ans : « Le lotus. Dans cette position j’ai l’impression d’être en osmose avec ma partenaire. »

Alice, 20 ans : « J’apprécie bien la levrette. Après, ce qui est cool aussi c’est toutes les positions où il peut y avoir stimulation du clitoris pas trop difficilement. Au lit, seulement au lit, je préfère être dominée. »

🔥 Positions dangereuses

Jo, 22 ans : « Une levrette endiablée qui a projeté la personne hors de la tente… Oups. »

Constance, 23 ans : « En 69 et dans le feu de l’action, j’ai eu un pet vaginal sur son visage. »

💬 Entre nous

Elsa, 23 ans : « Ça me met toujours mal à l’aise car je ne connais ou ne retiens pas tout (ni la disposition, ni les noms). Même quand je les connais, je ne sais pas trop comment aborder le sujet. J’ai peur que ça casse le charme. Par exemple, dans les films ils y vont direct et ça s’enchaîne naturellement. Jamais le mec demande comment la fille veut faire ni inversement. Du coup, quand mon copain me pose la question, je suis souvent prise au dépourvu et je ne sais pas quoi répondre. »

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Vu d’ailleurs

Par Thaïs

Le Kamasutra, le vrai

Pas besoin de vous faire un dessin : le Kamasutra, ce serait ce livre vaguement indien, avec 64 positions sexuelles plus ou moins audacieuses.

Mais ce qu’on vient de décrire ne résume en fait qu’une infime partie de l’ouvrage écrit il y a plus de 2300 ans par un certain Vâtsyâyana. En fait, la partie concernant la relation sexuelle physique ne constitue qu’un septième de ce recueil censé faire accéder au désir (Kama).

Les premières images reproduisant des positions ne seraient arrivées qu’au VIe siècle tandis que la première traduction occidentale réalisée par Richard Burton et sur laquelle s’appuient la plupart des représentations en France retient surtout l’attention par son aspect subversif (il est interdit jusqu’en 1963).

Le Kamasutra (कामसूत्र), c’est en fait une sorte de manuel du plaisir partagé, un plaisir qui s’apprend, une science presque. L’ouvrage pousse ainsi certains à considérer l’Inde comme berceau de l’éducation sexuelle.

Beaucoup d’aspects du livre antique semblent résolument modernes. La relation sexuelle y est décrite comme acte de communion à la fois physique et spirituelle, qui ne se résume pas à la pénétration. Embrasser, presser, mordiller : plusieurs chapitres sont consacrés à ces autres formes de communication avec l’être aimé.

Autre aspect étonnant — et peu connu aujourd’hui : la place des femmes dans l’ouvrage, et de leur plaisir. Avec bien sûr les limites du patriarcat indien antique, l’ouvrage est empli de conseils aux femmes — et cela va de « bien choisir son mari » à « comment le tromper sans qu’il ne s’en rende compte. »

Enfin, le Kamasutra évoque des plaisirs partagés entre personnes du même sexe, à travers des positions de sexe oral, dans ce que l’ouvrage décrit comme une « troisième sexualité. »

Le Kamasutra, c’est donc bien plus que des pages web plus ou moins bien illustrées, c’est un livre pour bien vivre son plaisir et celui de l’autre. Aujourd’hui encore les circonstances de publication de l’ouvrage interrogent, et de nouvelles traductions ont été publiées ces dernières années, tentant de capter l’esprit d’origine de l’œuvre.

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On débunke !

Par Orianne

« La levrette est la position préférée des Français·e·s »

VRAI

La levrette, la première sous la couette ? Mythe ou réalité ? Je ne sais pas vous mais ça m’arrive souvent de parler positions avec mes ami·e·s. On se demande mutuellement : et toi, c’est quoi ta position préférée ? La réponse majoritaire reste la « levrette », plus communément appelée « leuleu ».

Selon une étude menée en 2017 par Skyn Condoms auprès de 3000 volontaires âgés de 18 à 34 ans, la levrette est la grande gagnante, et la position la plus plébiscitée sous la couette, devant le missionnaire, et la « cowgirl », autrement dit l’Andromaque : la femme est au-dessus et c’est elle qui gère les mouvements. En 2012, déjà, l’étude internationale CasualDating révélait le succès de la levrette. Elle était d’après ces données, il y a 7 ans, la position favorite pour 37 % des hommes et 31 % des femmes.

Pour certain·e·s, ce qui caractérise la levrette et ce qui en fait sa singularité dans le rapport sexuel, c’est le rapport dominant/dominé. « En levrette l’angle de pénétration est profond et agréable, quand c’est bien fait. Et après j’aime bien l’effet dominé/dominant. C’est assez bestial comme position. Le mec contrôle le rythme. Il peut te mettre des claques sur les fesses et te prendre les cheveux », commente Delphine, 24 ans. Pour Maël, cette position est très répandue et appréciée, selon lui, en raison de sa représentation récurrente dans les films pornographiques : « Tu te sens dominant et c’est aussi, je pense, une position tellement mise en avant dans la pornographie que ça en devient normal de passer par là. »

Mais ce rapport de domination peut ne pas être agréable pour certaines femmes. Philippe Brenot, psychiatre et thérapeute de couple, révèle dans un article que la levrette est la position qui « excite le plus les hommes, mais ce n’est pas celle qui est la plus réalisée ». Elle serait en effet très appréciée des hommes notamment car « la vision des fesses de leur partenaire est un signal très excitant pour eux », explique Philippe Brenot.

Le savais-tu ?

À chaque pays, sa position : la levrette en France, la cuillère en Pologne, l’Andromaque en Belgique et en Suisse, « les jambes en l’air » au Portugal et en Hongrie ! Étude Zava réalisée auprès de 2000 Européens.

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La bonne nouvelle

Par Tom

Sexe gay : et si on en finissait avec « actif » et « passif » ?

Tu en as assez qu’on te demande qui de toi ou de ton copain « fait l’homme » et qui « fait la femme » ? Marre de ces messages cryptiques sur les applis de rencontre, du genre « actif tbm ch passif now » ? À en croire certain·e·s, il semblerait que la sexualité gay ne se définisse que par la position sexuelle que l’un occupe, et la relation de domination qui y est associée. Pourtant la réalité est bien plus nuancée.

Tout d’abord, et contrairement aux apparences, la pénétration ne va pas forcément de soi lors d’un rapport sexuel entre hommes. Dans une étude réalisée en 2011 sur près de 25 000 hommes gays ou bisexuels, seul un tiers d’entre eux avait eu un rapport anal dernièrement… et certains n’aiment tout simplement pas ça. De plus, si certains hommes préfèrent toujours dominer ou être dominés pendant l’amour, beaucoup alternent et se définissent comme « switch » ou « versa » (pour « versatiles »).

Les termes « actif » et « passif » (et leurs équivalents anglophones respectifs, « top » et « bottom ») renvoient une image étriquée de la sexualité gay. Ainsi, ce n’est pas parce que l’on est « passif » qu’on fait l’étoile de mer, et ce n’est pas parce qu’on est « top » qu’on aime forcément être au-dessus pendant l’acte. Un homme peut être 100 % passif et aimer dominer au lit — les Américains parlent même de « power bottom » —, un autre peut être actif et laisser son partenaire prendre les devants.

Évitons de nous conformer à des stéréotypes calqués sur une vision obsolète des couples hétéros. Kiffons et soyons nous-mêmes, tout simplement.

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Ça y est, c’est déjà fini ! On espère que tu as kiffé et appris des choses. Pour le thème de la semaine prochaine, on serait ravi de savoir ce que tu aimerais lire ! N’hésite pas à nous en parler sur Instagram ou sur Facebook.

Lundi prochain, en plus des rubriques habituelles, on te réserve une petite surprise… Une histoire d’amour spéciale couvre-feu, en plusieurs épisodes !

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Belle semaine à toi !

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