Vu d’ailleurs

Par Valentin

Quand les politiques dérivent

Il y a deux ans, le candidat LREM aux élections municipales à Paris, Benjamin Griveaux, se retirait de la course après la diffusion de vidéos privées à caractère sexuel sur les réseaux sociaux. Si l’affaire a fait grand bruit, notamment en raison de son caractère nouveau (le partage non consenti d’images intimes), l’affaire Griveaux n’est pas le premier scandale sexuel en France, encore moins dans le monde. Courte histoire.

Attention : certains extraits peuvent choquer.

En 2011, le président du FMI est le grand favori du Parti socialiste pour l’élection présidentielle de 2012 (qui verra finalement l’élection de François Hollande). La même année, il est pourtant au cœur de deux scandales sexuels. Le premier, celui du Sofitel de New York, on s’en souvient pour deux choses. Un nom : Nafissatou Diallo, la femme de chambre qui l’accuse de viol, et un numéro : la suite 2806, où se sont déroulés les faits. La seconde affaire prend place à Lille. Il est révélé que DSK, alors présidentiable, a été invité par l’un des membres de l’hôtel Carlton à des soirées auxquelles participaient des prostituées. Il est finalement relaxé dans cette seconde affaire, tandis que celle du Sofitel se clôt avec le versement d’une grosse somme d’argent à la plaignante : entre 1,5 et 6 millions de dollars.

Georges Tron fut le maire RPR, puis UMP et enfin LR de Draveil, en Essonne, de 1995 à 2021. En pleine affaire Strauss-Kahn, cet adepte des massages plantaires est accusé par deux anciennes employées de la ville, Virginie Ettel et Éva Loubrieu, d’agressions sexuelles et de viols perpétrés pendant des séances qu’il leur prodiguait. Il comparaît en 2017 et est défendu par l’actuel ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti. Acquitté l’année suivante, il est finalement condamné en appel trois ans plus tard, en 2021, à cinq ans de prison et six ans d’inéligibilité.

Le président du Conseil des ministres italiens a été impliqué dans un grand nombre de scandales, tant financiers que sexuels. L’homme politique est notamment connu pour ses soirées « bunga bunga », réunissant de nombreuses escorts dans l’une de ses villas près de Milan. En 2010, il est accusé d’avoir incité à la prostitution Karima El Mahroug, surnommée « Ruby », âgée de seulement 17 ans au moment des faits. Condamné à sept ans de prison ainsi qu’à une peine d’inéligibilité à vie en 2013, Silvio Berlusconi est pourtant acquitté l’année suivante. Celui qui a largement contribué à décrédibiliser la politique aux yeux des Italiens est actuellement député européen.

Il s’agit probablement du scandale politique et sexuel le plus célèbre des États-Unis. Le démocrate Bill Clinton, époux d’Hillary Clinton, devient le 42e président du pays en 1993. À la Maison-Blanche, il entretient une relation avec l’une des stagiaires, Monica Lewinsky. Pendant son mandat, Bill Clinton est accusé de harcèlement sexuel en tant qu’ancien gouverneur de l’Arkansas. Monica Lewinsky, convoquée pour témoigner lors du procès, nie toute relation avec le Président. Un mensonge qui se retourne contre elle quelques mois plus tard. Elle est contrainte de révéler la vérité. Une robe bleue tachée de sperme devient le symbole de cette relation, alors que Bill Cliton nie toute « relation sexuelle » avec Monica Lewinsky. Le président est visé par une procédure d’impeachment qui échoue en 1999. Vingt ans plus tard, en 2021, Monica Lewinsky participe à produire la troisième saison d’American Crime Story, qui porte sur cette histoire.

Vous avez probablement tou·te·s en tête l’image de François Hollande sur son scooter, apportant des croissants à la réalisatrice Julie Gayet, pendant son mandat. Mais le pénultième président français n’est pas le seul à avoir été impliqué dans des histoires de cœur… et plus. On pourrait évoquer la relation entre Mitterrand et la chanteuse Dalida, jamais exposée publiquement. Mais revenons plutôt à la Troisième République. En 1899, précisément, année du décès de Félix Faure. Président pendant l’affaire Dreyfus notamment, il est surtout connu pour avoir perdu la vie, selon la presse, en plein ébat avec sa maîtresse, Marguerite Steinheil, à l’Élysée. Il serait mort d’un AVC. On attribue à Clemenceau cette citation célèbre à propos de ce président adepte du faste : « Il voulait être César, il ne fut que Pompée. »

Une fois n’est pas coutume, les femmes portent souvent les conséquences des actes des hommes. Pour finir cette liste, retour sur un récit légendaire, celui du viol de Lucrèce. Cette Romaine du VIe siècle, renommée pour sa vertu, est violée par le fils du roi Tarquin, qui la menace de faire passer cet épisode pour un adultère. Elle choisit de se suicider plutôt que de vivre dans le déshonneur. Par cet acte, qui serait à l’origine de la chute de la monarchie à Rome et du passage à la République, elle devint un « exemplum », littéralement un exemple de vertu et de droiture morale. À méditer…

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