Vu d’ailleurs
Par Julien
Se protéger gratuitement : des bénéfices déjà observés en Europe
Un petit pas de plus. Depuis le 1er janvier 2022, plusieurs moyens de contraception sont devenus gratuits pour les femmes de moins de 26 ans : les pilules de 1re et 2e génération, les implants contraceptifs ou encore le stérilet — mais pas la capote.
Une avancée supplémentaire pour lutter contre les inégalités d’accès à la contraception, quand on sait qu’une femme touchant de faibles revenus a cinq fois plus de risques de vivre une grossesse non désirée qu’une femme aisée, faute d’accès à la contraception.
En Europe, certains pays n’ont pas attendu pour agir. En Finlande, depuis 2013, toutes les habitantes de Vantaa disposent gratuitement d’une méthode de contraception réversible de longue durée (par exemple, d’un implant). Résultat : l’utilisation de la contraception s’est accrue significativement parmi toutes les classes d’âge. Le nombre d’avortements, lui, a diminué, et principalement parmi les jeunes femmes, ce qui suggère que cette classe d’âge était particulièrement touchée par des difficultés d’accès à la contraception, indique cette étude finlandaise.
Aux Pays-Bas, la mise à disposition gratuite de préservatifs dans les bars, darkrooms et saunas gays à partir de la fin des années 2000 a elle aussi été couronnée de succès. Elle a permis d’éviter chaque année des centaines d’infections transmises sexuellement.
De l’argent public dépensé généreusement ? Oui et non ! Des chercheurs néerlandais ont montré que pour un euro de capotes financées aux Pays-Bas, ce sont 5,51 € économisés, grâce à ces infections empêchées. Sinon, cet argent aurait été versé pour des traitements contre le VIH, expliquent-ils.
Ces résultats font écho à un autre rapport, cette fois-ci anglais : 9 livres sterling pourraient être économisées sur 10 ans pour une livre dépensée en contraception, notamment grâce aux avortements évités.
Selon cet atlas annuel européen, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Finlande figurent ainsi parmi les leaders de l’accès à la contraception en Europe en 2022 — même si la marge de progression est encore importante.
Toutefois, rendre la contraception gratuite, notamment pour les jeunes femmes, ne suffit pas toujours : l’Albanie, bien positionnée sur ce même atlas annuel européen, n’utilise pourtant que « très faiblement » la contraception, « en partie » en raison de « mythes persistants et d’un manque d’information », explique le Forum parlementaire européen pour les droits sexuels et reproductifs à l’origine de ce classement.
Une situation qui toucherait particulièrement la contraception d’urgence, gratuite en Albanie, mais que « la stigmatisation et la peur du jugement » n’encouragent pas à utiliser, expliquent ces chercheuses canadiennes.
La contraception gratuite est donc nécessaire et bénéfique, oui, mais l’information aussi !
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