On débunke !
Par Ophélie
« Matcher à l’infini, c’est gratuit »
FAUX
L’amour a un prix, y compris lorsqu’on le cherche en ligne ! Si les applications qui foisonnent sur nos téléphones tentent de nous le cacher, elles tirent un bénéfice très important des swipes à tout va de leurs utilisateur·rice·s.
En 2020, le magazine 60 Millions de consommateurs a mené une enquête sur les techniques commerciales utilisées par les sites de rencontres les plus populaires. Au moins sept techniques marketing ont été identifiées pour faire payer le ou la consommateur·rice, et cela démarre dès l’inscription.
Généralement, les applications attirent leur public en rendant gratuit le téléchargement et la création d’un compte… mais celui-ci n’est jamais pleinement accessible sans rémunération.
Pour Bumble et Tinder par exemple, il faut payer une somme supplémentaire pour voir les profils des personnes qui ont « matché » avec soi (sans avoir encore matché avec elles) ou pour que son profil soit mis en avant.
Cela peut aller plus loin, comme avec le site de rencontre Badoo, épinglé par 60 Millions de consommateurs pour son utilisation de la frustration comme « rançon de la gratuité ». Sur ce site, il est obligatoire de souscrire un abonnement premium facturé 2,09 € la journée pour découvrir l’identité d’un·e utilisateur·rice qui vous a envoyé un « like ». Sans cette transaction, il est quasiment impossible d’entrer en communication avec son admirateur·rice.
Autre stratégie : les photos floues notamment sur Tinder, Bumble, ou Vivaflirt, utilisées pour aiguiser la curiosité des utilisateur·rice·s. Ces images laissent miroiter des profils « sexy » qui ne peuvent être aperçus que contre de l’argent. Certains sites, comme Vivaflirt, vont même jusqu’à utiliser une fausse photo floue, pour illustrer le profil d’une personne qui n’a pas encore téléchargé d’image. De quoi complètement berner les utilisateur·rice·s qui matchent !
Il y a également des messageries qui ne peuvent être débloquées qu’en sortant la carte bancaire. Et tout ça pour, au final, un simple message de bienvenue envoyé par le site. Une méthode de vente rapportée par les utilisateur·rice·s du site AdopteUnMec, qui joue ainsi avec les émotions des nouveaux·elles venu·e·s.
Technique encore plus pernicieuse, certains sites tentent de faire payer leurs usagers sans leur consentement. L’association rapporte que plusieurs utilisateur·rice·s de l’application Badoo ont été abonné·e·s sans le savoir à un compte « premium » (en cliquant sur un bouton trompeur) après à un premier achat sur le site. Celui-ci leur « offrait » un abonnement « à vie ». N’ayant pas été prévenu·e·s de leur erreur, ni informé·e·s du nouveau montant, iels ont été prélevé·e·s de 129,99 euros. Pour éviter les mauvaises surprises, le magazine recommande aux inscrit·e·s sur ces applications de ne pas communiquer leurs coordonnées bancaires.
Toutes ces techniques servent un juteux business. Le groupe Bumble Inc.- Blackstone (Bumble, Badoo, Chappy, Lumen) a réalisé un chiffre d’affaires de 582 millions de dollars en 2020, quand celui de Match Group (Meetic, Tinder, OkCupid, Hinge, etc.) s’élève à 2,9 milliards selon le site spécialisé Rencontre Célibataire.
Un modèle économique qui fonctionne donc auprès du public, particulièrement quand il est masculin. Selon la chercheuse Marie Bergström, de l’Institut national d’études démographiques (Ined), 45 % des hommes ont déjà payé pour la rencontre en ligne, contre seulement 18 % côté féminin (étude publiée en 2014). Cet écart s’explique selon elle par le fait que « c’est souvent au partenaire masculin de prendre en charge les frais liés à la rencontre ».
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