On débunke !

Par Julien

La « friend-zone » existe-t-elle vraiment ?

Imaginez deux personnes se rencontrant, ou se connaissant depuis quelque temps déjà. À cette relation quelconque, l’une d’entre elles souhaiterait mêler le sexe ou l’amour. Mais l’autre ne le souhaite pas.

Verbalisée ou non, cette situation parfois inconfortable pour les concerné·e·s, c’est cela que l’on surnomme habituellement la « friend-zone ». Mais existe-t-elle vraiment ? À y regarder de plus près, la friend-zone serait purement misogyne, d’autant plus au sein des relations hétérosexuelles.

En 2017, des étudiant·e·s de l’université de Binghamton dans l’Etat de New York ont interrogé plusieurs centaines de leurs camarades de licence sur ce terme, à des fins de recherche. Résultat : les trois quarts des hommes exclusivement hétérosexuels affirmaient avoir été « friend-zonés » dans leur vie, contre près de 40 % des étudiantes hétéro. Pire : plus de 92 % des femmes « straight » sondées reconnaissaient avoir friend-zoné quelqu’un dans leur vie, bien plus que leurs camarades garçons (66 %).

Les garçons seraient-ils donc les malheureuses victimes de cette friend-zone ? En réalité, les mouvements féministes y identifient une thèse particulièrement problématique. « La sexualité des femmes n’est pas un trophée que l’on obtient à condition de gentillesse et de temps consacré », expliquait en 2016 à Slate Diane Saint-Réquier, militante pour la cause féministe. En clair : les femmes ne doivent rien aux hommes, tout simplement.

Autre écueil : la friend-zone dévalue l’importance de l’amitié. Et se prendre un râteau ne signifie pas nécessairement que l’on va devenir ou rester ami·e·s, « friends » : là non plus, personne ne doit rien à l’autre. Vu autrement, être ami·e·s n’implique pas qu’une relation amoureuse ou sexuelle devienne à tout jamais impossible — combien d’exemples connaissez-vous autour de vous ? De quoi mettre à mal le nom même de ce concept.

Bref, les fondations de la friend-zone semblent bien fragiles. Pire : derrière elle, on décèle de sombres corollaires. « Incel » (pour « célibataires involontaires »), « nice guy », « ladder theory »Selon ces idées masculinistes et misogynes, des hommes seraient soi-disant victimes du rejet des femmes et placés dans cette hypothétique « friend-zone » à leurs dépens. De dangereuses thèses à l’origine de plusieurs tueries et féminicides.

Alors, comme le résumait l’éditorialiste Andrea Carlo au HuffPost, « tout ce concept de “friend-zone”, il est temps de le jeter à la poubelle, là où il mérite de rester. C’est une idée dégradante, dépassée et, honnêtement, souvent misogyne qui n’a plus sa place en 2018. »

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