Vu d’ailleurs

Par Thaïs

Une brève histoire de l’asexualité

Saviez-vous que le 6 avril, c’était la journée internationale de l’asexualité ? Peut-être pas, car cet événement dont l’objectif est de faire connaître et de promouvoir les différentes sexualités du spectre asexuel a été célébré pour la première fois l’année dernière, en 2021 ! La reconnaissance de l’asexualité est très récente, tout comme sa représentation. Dans ce domaine-là, les pionniers sont les pays anglo-saxons.

Le premier État à parler d’asexualité dans une législation ? Celui de New York, en 2002. La première enquête à grande échelle sur l’asexualité ? Publiée dans la revue scientifique américaine The Journal of Sex Research, en 1994 par un chercheur canadien. Elle conclut qu’une personne sur 100 est asexuelle.

Dans la fiction, le premier personnage asexuel ne serait autre que « Bob l’éponge », héros du dessin animé éponyme. Pas sûr toutefois qu’il s’agissait d’une réelle volonté de son créateur. Stephen Hillenburg précise dans une interview à Reuters en 2005 : « On ne les a jamais intentionnellement conçus comme gays [en référence à Bob et son étoile de mer de voisin Patrick, dans lesquels certains voyaient un potentiel couple]. Je les considère presque comme asexuels. »

Aux origines de la recherche sur l’asexualité : l’Allemagne du XIXe siècle

La recherche autour de l’asexualité, si elle reste peu fournie, est un peu plus ancienne. Elle débute dans l’Allemagne du XIXe siècle. Dans un pamphlet de 1869, qui s’opposait à une loi « anti-sodomie » prusse, l’auteur hongrois Karl-Maria Kertbeny évoque les personnes « monosexuelles » qui se limitent à la masturbation (ce qui, attention, ne correspond pas exactement à l’asexualité !)

Vingt-huit ans plus tard, à l’aube du XXe siècle, l’Allemande Emma Trosse, connue aussi pour être l’une des premières à avoir étudié le lesbianisme avec une approche scientifique, parle d’« asensualité » (« Sinnlichkeitslosigkeit » pour les germanistes).

1972 : une définition dans le « Manifeste asexuel » américain

Il faut attendre près d’un siècle pour que le terme « asexuel » commence à être couramment utilisé. Ainsi, en 1972, l’Américaine Lisa Orlando rédige le « Manifeste asexuel » dans la revue New York Radical Feminists. Extrait : « Le terme “asexuel”, tel que nous l’utilisons, ne signifie pas “sans sexe” mais “n’ayant de relation sexuelle avec personne”. Cela n’exclut pas, bien sûr, la masturbation, mais implique que si une personne a des sentiments sexuels, elle n’a pas besoin d’une autre personne pour les exprimer. L’asexualité est, tout simplement, une sexualité autonome. »

Dans les années 2000, l’asexualité continue de gagner en reconnaissance et représentation. En 2001, l’Américain David Jay crée « AVEN » (Asexual Visibility and Education Network), le premier réseau international asexuel qui a pour objectif de « créer une acceptation publique et une discussion sur l’asexualité et faciliter la croissance d’une communauté asexuelle ». Il dispose d’une branche francophone.

L’asexualité : le A de l’acronyme LGBTQIA+

À la Pride de San Franciso de 2009, c’est autour d’AVEN que l’asexualité fait son entrée dans un défilé de la communauté LGBT+.

Un an plus tard, en 2010, le drapeau de la fierté asexuelle est adopté par la communauté. Il est composé de quatre bandes horizontales. De haut en bas, le noir représente l’asexualité, le gris la « zone grise » du spectre asexuel (par exemple, les greysexuel·le·s et demi-sexuel·le·s), le blanc la sexualité (et donc les allié·e·s) et enfin le violet l’idée de communauté. Ce drapeau se fait progressivement une place dans les différentes prides à travers le monde.

Aujourd’hui, l’asexualité est de plus en plus visible et représentée, notamment grâce aux réseaux sociaux : sur TikTok surtout, où le hashtag #asexual cumule plus d’un milliard de vues.

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