Et toi, t’es complexé·e au lit ?
Par Orianne
- Laure — 24 ans, en couple, hétérosexuelle
« Moi je suis complexée par mon ventre et mes fesses. C’est bête car je sais qu’objectivement je ne suis pas grosse. Mais j’ai grandi dans une famille très stricte sur l’apparence, qui plébiscitait la minceur. Ma grande sœur était anorexique, et moi, comme j’avais plus de rondeurs, je passais pour la grosse de service. J’ai mis des années à déconstruire cette image de moi, à me dire que non, ce n’est pas en pesant 39 kg que j’étais grosse. Et puis forcément, là où ça a été compliqué, c’est quand je me suis trouvée nue devant quelqu’un pour la première fois, qu’il voyait tout, mon ventre, ma cellulite, mes vergetures…
Encore aujourd’hui, alors que je suis avec un super gars, dans certaines positions (type la cuillère), je ne suis pas à l’aise car elles s’accentuent ou forment des bourrelets sur le ventre. C’est quelque chose qui me met assez mal à l’aise, à tel point que je me sens mieux quand je fais l’amour la lumière éteinte. C’est très compliqué pour moi avec une lumière allumée de lâcher prise. »
- Zacharie — 23 ans, en couple, en questionnement
« Au début de ma vie sexuelle, j’ai pas mal complexé sur ma manière d’exprimer mon plaisir. J’étais un peu perdu, je ne savais pas si on attendait de moi un râle rauque au moment de l’orgasme (comme dans les pornos), un comportement viril (je ne sais même pas ce que ça veut dire) ou une attitude stoïque pendant l’acte. J’ai beaucoup essayé de coller à ce que je pensais qu’on attendait de moi, parce que je me disais que ma manière d’exprimer les choses spontanément risquait de ne pas plaire. J’avais peur de briser une forme de “crédibilité masculine” en gémissant ou en faisant du bruit. Du coup, pour ne pas prendre de risques, j’étais assez peu expressif.
Petit à petit, en discutant avec des partenaires, j’ai pu me rendre compte que le fait d’exprimer mon plaisir pouvait être une source de plaisir pour l’autre. Ça aurait dû me paraître évident vu que j’adore voir que l’autre prend du plaisir, mais ce n’est pas si simple de transposer la réflexion à soi. Cette manière de voir les choses m’a aidé à me “débloquer” et à trouver mes formes d’expression en tâtonnant : gémissements, soupirs, hoquets, et parfois râles rauques aussi. Aujourd’hui, extérioriser mon plaisir m’aide à en prendre, et je me rends compte que surjouer peut aussi être intéressant pour indiquer à l’autre que quelque chose me plaît ou simplement pour intensifier l’acte. Mes voisins m’apprécient moins mais ça vaut le coup ! »
- Alicia — 27 ans, célibataire, hétérosexuelle
« Il y a des moments, comme tout le monde je pense, où j’ai des hauts et des bas : il y a des jours où je ne vais pas m’aimer du tout et d’autres où je m’accepte un peu plus comme je suis — ces derniers temps, je suis dans une good vibe de ce côté là.
Mais mon plus gros complexe, ça doit être les poils, parce que même si je m’épile intégralement et qu’on ne voit rien, j’ai peur de piquer. J’ai des poils épais et foncés, donc déjà de base c’est la croix et la bannière pour tous les retirer. Que j’utilise cire, épilateur, rasoir, j’ai l’impression que je pique toujours un petit peu après et ça me rend dingue. Je passe des heures à gommer ma peau et à me mettre des crèmes pour avoir la peau douce. Je passe plus de temps à faire ça que tout le reste. Pourtant, on ne m’a jamais dit que je piquais. Mais par contre, il y a longtemps, ça m’est déjà arrivé qu’on me dise : “Fais gaffe, ça commence à repousser. J’aime pas ça…” Du coup je préfère être dans le noir, parce que je me dis que si ça se trouve j’ai oublié d’enlever un poil là ou là, ou alors à cet endroit je sais que j’ai un poil incarné que je n’ai pas réussi à enlever, etc. »
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