Vu d’ailleurs

Par Tom

Mangaia, l’île « sex-positive » du Pacifique

Située à environ 700 km de Tahiti, c’est la plus méridionale des Îles Cook. Son nom ne te dit sûrement rien, et pourtant cet îlot polynésien abrite l’une des sociétés les plus libérées sexuellement sur notre planète, où le plaisir — notamment féminin — s’est érigé au rang d’art.

On doit cette découverte à un certain Donald S. Marshall. Dans les années 1960, cet anthropologue américain a passé plus d’un an sur ce petit caillou d’à peine 50 km², à étudier la culture et les pratiques sexuelles des quelque 2000 habitant·e·s de l’île.

À Mangaia, la pudeur n’existe pratiquement pas puisque toute la famille vit et dort dans une même hutte, ne contenant qu’une seule pièce. À partir de la puberté, les enfants — garçons comme filles — sont encouragé·e·s à ramener leurs partenaires sous le toit familial et à leur faire amour, en présence de leurs parents et de leurs frères et sœurs endormi·e·s.

Dès leurs 7 ou 8 ans, les garçons se voient enseigner la masturbation. À l’âge de 13 ans, ils se soumettent à une superincision rituelle (découpe d’une fente sur le dessus du prépuce) et reçoivent des conseils de la part des hommes de la tribu. Une fois remis de l’opération, le jeune homme vit alors sa première fois avec une femme plus âgée, qui lui apprend comment satisfaire ses futures partenaires. Au programme : stimulation clitoridienne, cunnilingus et les différentes positions sexuelles. Le plaisir féminin est placé au centre de cet apprentissage, et les adolescents s’entraînent à synchroniser leurs orgasmes avec ceux de leurs partenaires.

De leur côté, les filles reçoivent une éducation sexuelle similaire de la part des femmes plus expérimentées, et sont incitées à multiplier les partenaires sexuels au cours de leur adolescence afin de trouver leur futur mari idéal.

Aujourd’hui, Mangaia ne compte plus que 499 habitant·e·s, et nul ne sait si cette éducation sexuelle subsiste toujours. Mais de telles pratiques se retrouvent dans de nombreuses cultures polynésiennes, où l’acte sexuel n’est pas aussi tabou qu’en Occident… et où homosexualité, transidentité ou non-binarité sont reconnues et acceptées depuis des siècles (à l’image du takatāpui māori, par exemple). Une « sex-positivité » malheureusement souvent estompée par des siècles de colonisation et de puritanisme religieux, venant des missionnaires chrétiens.

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