Vu d’ailleurs
Par Ophélie
« Rafiki » : de la censure aux Oscars, le film kényan qui a changé la donne
C’est l’histoire de deux étudiantes, Kena (Samantha Mugatsia) et Ziki (Sheila Munyiva), dont les parents sont des opposants politiques et qui s’éprennent l’une de l’autre. En avril 2018, Wanuri Kahui secoue la filmographie traditionnelle kényane avec son long-métrage Rafiki. La réalisatrice transcende l’écran avec une histoire d’amour lesbienne, dans un pays où l’homosexualité est encore condamnée par la loi et passible de 14 ans de prison.
Consciente du difficile accueil qu’allait recevoir son film, elle choisit de centrer son récit sur l’éclosion des sentiments amoureux et limite les scènes sensuelles, en ne montrant que quelques baisers. Malgré ses efforts, le comité national de classification des films censure Rafiki, à cause de « son thème homosexuel et de son but évident de promouvoir le lesbianisme au Kenya ». Par ailleurs, selon le comité, le film « heurte la culture et les valeurs morales du peuple kényan ».
Face à ce verdict, la réalisatrice saisit la Haute Cour de Nairobi, et elle obtient finalement une sortie nationale d’une semaine, pour que son film puisse concourir aux Oscars. En quelques jours, elle passe en tête du box-office et de nombreuses salles se mettent à diffuser la production, interdite aux moins de 18 ans. C’est un immense succès sur les réseaux sociaux.
Rafiki est un film charnière dans l’histoire du cinéma kényan. En plus d’aborder un thème inédit et tabou, il a connu un parcours international inégalé puisqu’il s’agit du premier film kényan projeté au festival de Cannes, dans la catégorie « Un certain regard ».
Grâce à son combat, Wanuri Kahui a inspiré d’autres cinéastes africain·e·s à faire avancer les droits des personnes LGBTQ+. En 2020, Peter Murimi, également kényan, projette à Londres un documentaire baptisé I Am Samuel. Il y raconte l’histoire d’un jeune homme homosexuel, confronté au conservatisme religieux et culturel de sa famille.
À voir : la bande-annonce de Rafiki, pour les curieux·ses.
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