On débunke !

Par Tom

« Il y a beaucoup de personnages LGBTQ+ à l’écran »

FAUX

Si les progrès de ces dernières années en matière de représentation peuvent donner l’impression d’une profusion de personnages LGBTQ+ au cinéma et dans les séries, nous sommes pourtant toujours loin d’une représentation régulière.

Selon un rapport de l’association américaine GLAAD, qui œuvre pour la représentation des personnes queer dans les médias, seuls 22 des 118 films sortis en 2019 et issus des plus gros studios hollywoodiens mettaient en scène des personnages LGBTQ+. Et près de la moitié d’entre eux apparaissent à l’écran pour moins d’une minute.

Parmi ces personnages, on compte une majorité d’hommes, gays… et blancs. En effet, près de 70 % des films concernés comptaient un personnage gay, alors que seul un tiers mettait en scène des lesbiennes — aucun personnage transgenre ou non-binaire à l’horizon. Par ailleurs, les personnes racisées restent largement invisibilisées : elles ne représentent qu’un tiers de l’ensemble des personnages LGBTQ+.

Du côté des séries, on compte plus de diversité mais une représentation tout aussi limitée, avec moins de 10 % de personnages queer à l’écran. À noter que seul·e·s quatre créateur·rice·s sont à l’origine de près d’un cinquième de ces rôles : Greg Berlanti, Lena Waithe, Shonda Rhimes et Ryan Murphy (showrunner de Pose, dont Julien vous dit le plus grand bien ci-dessous).

Disney, champion du « queerbaiting »

Représentation ne signifie pas inclusion. Pour surfer sur cette tendance progressiste et conquérir un nouveau public, certains producteurs font parfois de l’apparition d’un personnage ou d’un couple LGBTQ+ un argument marketing — quand bien même son importance dans l’œuvre reste plus qu’anecdotique.

Disney, notamment, est passé maître dans cet art du « queerbaiting ». Le premier personnage ouvertement gay dans l’univers Marvel ? Un caméo de quelques secondes dans Avengers Endgame, où le réalisateur Joe Russo évoque la mort de son mari lors du claquement de doigts de Thanos. Le premier baiser queer de la saga dans Star Wars IX ? Alors que les fans s’attendaient à une love story entre le pilote Poe et le stormtrooper repenti Finn, dont l’alchimie était manifeste depuis l’épisode VII, ils se contenteront d’un rapide smack entre deux femmes pilotes de la Résistance. Donner une petite amie à Elsa dans La Reine des Neiges 2 ? Certainement pas, malgré un sous-texte sur le coming out assez évident dans le premier opus.

Au-delà des grands discours, la firme aux grandes oreilles tient à son image « familiale » et reste frileuse à l’idée d’inclure des personnages LGBTQ+ dans ses productions, surtout dans un rôle principal. La série Love, Victor — dont la saison 2 débute vendredi prochain —, initialement prévue pour Disney+, est jugée trop « mature » et atterrit finalement sur Hulu puis sur Star, la plateforme pour adultes de Disney.

Il faut dire que pour Hollywood, l’enjeu est avant tout économique. Outre le risque de s’aliéner une audience conservatrice, le marché chinois représente une part de plus en plus importante des recettes d’un film. Dans ces circonstances, difficile pour les studios d’imposer des personnages LGBTQ+ — au risque de voir leurs productions censurées par le gouvernement chinois, comme les quelques scènes évoquées plus haut.

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