Vu d’ailleurs

Par Thaïs

Le Nyotaimori ou déguster des sushis sur le corps d’une femme

Des sushis et sashimis soigneusement disposés sur les courbes d’un corps de femme nue, parfaitement épilée et inerte pendant des heures… Voilà en quoi consiste l’art du « nyotaimori », né au Japon féodal, mais largement revisité par l’imaginaire occidental.

Cette forme de dégustation serait apparue dans les maisons closes japonaises, où les samouraïs célébraient leur bataille en dégustant des mets sur le corps de geïshas — femmes qui consacrent leur vie aux arts traditionnels japonais —, ou encore en se délectant de saké versé sur le vagin. Le corps féminin emplirait alors les mets d’énergies vitales.

Aujourd’hui, le nyotaimori est surtout associé à un art culinaire plus qu’à une pratique érotique. C’est un art très codifié : les sushis sont généralement séparés du corps par des feuilles de bambous ou un film plastique, notamment pour des raisons d’hygiène. Les clients doivent attraper les sushis avec des baguettes et ne doivent pas toucher le corps de la femme ; les gestes inappropriés sont interdits.

Par ailleurs, l’exercice n’est pas aisé pour celles qui prêtent leur corps : elles se lavent au savon neutre pour ne pas dégager d’odeur, et s’aspergent d’eau froide pour faire descendre leur température corporelle (afin de ne pas réchauffer la nourriture). Enfin, il faut être capable de rester immobile pendant parfois 6 à 7 heures.

Cet art culinaire s’est exporté dans le monde entier, à tel point que les États-Unis proposent par exemple bien plus de nyotaimori que le Japon où est née la tradition — et pas forcément dans les formes japonaises. Pour des raisons d’hygiène, la Chine a interdit la pratique.

Au Japon comme ailleurs, le nyotaimori est loin de faire l’unanimité. Déjà, parce que le corps de la femme est complètement objectifié, réduit à l’état de présentoir à nourriture. Une chroniqueuse du Guardian, qui en a fait l’expérience en tant que cliente, explique ainsi avoir eu l’impression de voir un cadavre dans une morgue, face à ce corps de femme immobile. L’hypersexualisation de la femme qui va de pair est aussi souvent dénoncée. La pratique a son pendant masculin, le « nantaimori », qui reste bien plus marginal.

Les femmes qui le pratiquent assurent cependant faire cela par passion et elles prennent très à cœur leur travail. L’une d’elle a par exemple répondu aux curieux sur ce post Reddit.

Si la pratique mercantile et publique interroge, le nyotaimori peut être dans la sphère privée une nouvelle façon d’explorer le corps de son ou sa partenaire tout en dégustant de délicieux mets.

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