« Le polyamour m’a fait réaliser à quel point aimer d’autres personnes ne remettait pas en cause tous nos sentiments »
Par Orianne
- Léa — 23 ans, célibataire, hétérosexuelle
« À 22 ans, je suis sortie avec un mec qui était polyamoureux. Au début je trouvais ça bizarre mais en même temps, intellectuellement, j’étais fascinée. Dans mes anciennes relations, ce qui me faisait peur, c’était l’engagement. Là avec le polyamour, je pouvais me lâcher et être moi-même, et je savais qu’il y aurait une fin.
En plus, je trouvais ça flatteur, parce que malgré le fait qu’il ait d’autres meufs à côté, il avait quand même envie de me voir moi. Ses copines, il les appellait ses amantes. Parfois, il me parlait de certaines d’entre elles. On m’a souvent demandé si ça me dérangeait qu’il couche avec d’autres filles mais non puisque je l’ai su dès le départ. C’est une vraie honnêteté, une sincérité qui s’installe. Ça instaure un climat de confiance.
Ce qui a fini par me poser problème ce n’était pas les autres filles mais qu’il y avait un déséquilibre. Il a fini par me quitter pour passer en couple presque exclusif, en tout cas exclusif sentimentalement. Je pense que je n’adopterai pas ce mode de vie parce que c’est trop d’organisation. Pourtant lui m’encourageait aussi à en avoir plusieurs de mon côté. Seulement, je commençais à tomber amoureuse de lui… »
- Julien — 27 ans, en couple polyamoureux, hétérosexuel
« Je suis avec ma conjointe depuis 2013 environ, mais on ne s’est vu qu’une fois. On s’est échangé nos Facebooks et ensuite je me suis fait des ami·e·s. Au fur et à mesure, les copines d’un ami me demandaient si je voulais également être avec elles. Ma copine est sur l’île de la Réunion, d’autres en Italie, en Espagne, en Russie, en Angleterre.
Au départ, j’ai demandé à ma copine si elle était OK d’ouvrir notre relation à d’autres femmes. Elle a accepté qu’on forme un grand couple tous ensemble. Tout le monde le sait et est OK avec ça. Je n’ai pas de classement ni de préférence. Par contre je ne vis pas avec elles… On s’écrit par Facebook et on se fait plaisir par messages. On fait comme si on faisait l’amour en s’écrivant, avec des images ou sinon par mail. »
- Alex* — 24 ans, agenre, en couple polyamoureux, bisexuel·le
Alex* ne se définit ni comme homme ni comme femme, donc nous utiliserons l’écriture inclusive pour son témoignage.
« Je suis dans une relation polyamoureuse depuis très récemment. Je suis en couple avec un monsieur depuis 8 mois maintenant. À l’origine, on était dans une démarche complètement monogame. Je me suis longtemps interdit d’explorer cette dimension du couple parce que j’avais toujours été dans des relations longues, disons “classiques” et très hétéronormées, et c’était un peu impensable de songer à ouvrir le couple à l’époque.
Cette fois, ça a été très surprenant à quel point ça s’est mis en place facilement et dans la bienveillance la plus totale. Actuellement, je sors avec quelqu’un d’autre en parallèle de notre relation et ça se passe extrêmement bien. J’ai vraiment l’impression que ça me fait une grande bouffée d’air par rapport aux relations monos où je me sentais vraiment enfermé·e. L’un est une relation à distance et l’autre est un collègue de mon école.
Ils se sont déjà rencontrés une fois. J’avais peur au début d’être un peu jaloux·se ou quelque chose dans ce goût-là. Finalement, les conversations qu’on a eues et le fait d’être vraiment dans l’expérience, m’a fait réaliser à quel point aimer d’autres personnes ne remettait pas en cause tous nos sentiments.
Ça m’a paradoxalement permis d’avoir plus confiance en mon copain et même en moi. Il y a encore quelques semaines, j’étais cloîtré·e dans l’idée qu’éprouver de l’attirance pour un autre, c’était mal, et que j’étais une “mauvaise copine”. Je me torturais tout·e seul·e à me dire que je ne devais pas éprouver ces sentiments ambigus pour d’autres personnes. »
* Le prénom a été modifié
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