On débunke !
Par Julien
Le plan à trois a-t-il vraiment la cote ?
PAS EXACTEMENT
S’il est un fantasme qui semble très partagé aujourd’hui, c’est bien le plan à trois. Ou plus précisément le triolisme (trois personnes participent au rapport sexuel) et son acolyte, le candolisme (deux personnes ont des rapports sexuels et une autre les observe). Que se cache-t-il derrière ? Réponse avec Alain Héril, sexothérapeute et psychanalyste spécialiste des fantasmes.
LE POINT Q — Le plan à trois est-il vraiment le fantasme le plus courant ?
ALAIN HÉRIL — Chez les hommes oui, on le trouve en numéro 1 dans les études faites sur les fantasmes préférés des Français, gays ou non. Le plus souvent, pour les hétérosexuels, la configuration choisie est « un homme, deux femmes ». C’est souvent pour eux une idée d’« augmentation » de la libido qui domine avec la possibilité de faire jouir deux personnes.
Chez les femmes hétérosexuelles, en revanche, le plan à trois n’arrive qu’en deuxième voire troisième position derrière « faire l’amour avec un inconnu » et le fantasme de l’aventure lesbienne. Des fantasmes assez communs.
Cet engouement autour du plan à trois, est-ce très actuel ?
Ce fantasme a de plus en plus la cote, et cela a à voir avec cette banalisation actuelle de tous les registres de la sexualité. Beaucoup de jeunes autour de 25-30 ans vont aujourd’hui dans des clubs échangistes. C’est de l’ordre de l’expérimentation sexuelle, comme une check-list. Et les applications de rencontres ouvertement sexuelles jouent aussi là-dedans. Même chose avec les films pornographiques qui inscrivent le plan à trois dans l’inconscient collectif masculin.
Pourquoi fantasme-t-on tant autour du plan à trois au sein des couples ?
Tout dépend des couples. Ce peut être une manière de redonner du pep’s, de jouer avec l’extraconjugalité et de la vivre de manière consentie en invitant quelqu’un dans le couple. Il est important de dédramatiser le fantasme : en avoir, ce n’est pas être pervers ou malsain. C’est comme les rêves : on ne décide pas des rêves qu’on fait la nuit. L’imagination est preuve de bonne santé, et c’est pour cela que j’ai appelé mon livre « Je fantasme donc je suis ». Et fantasmer, c’est aussi un rêve éveillé de ce que l’on ne vit pas.
Combien le vivent, alors, ce rêve éveillé ?
Je pense que 50 % des couples ont ce fantasme autour du plan à trois à un moment donné, ou en tout cas en parlent au moins une fois. Mais pour passer à l’acte, je dirais comme ça, à vue de nez, qu’ils ne sont pas plus de 5 % à le faire !
Proposer un plan à trois à sa ou son partenaire, ça peut poser problème dans un couple ?
Tout dépend des valeurs partagées dans le couple. Si la fidélité est une valeur très forte pour son·sa partenaire, cela peut engendrer de la jalousie voire de la souffrance chez lui·elle. À mon avis, il est bien de partager ses fantasmes à condition que l’autre personne soit apte à les entendre. Et tout dépend du but recherché : on peut en parler pour créer de l’excitation ou pour passer à l’acte. Ce qui est important enfin si on concrétise le plan à trois, c’est de fixer des règles. C’est une question de contrat, c’est toujours pareil.
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