Choses à dire

Par Orianne & Tom

« C’était pas vraiment un coming out mais c’est comme ça qu’on en a parlé. Depuis tout petit je corresponds à plein de clichés : j’aime pas le foot, j’adorais jouer aux poupées, j’avais plein d’amies filles, j’étais fan de Lady Gaga, du coup ils s’en doutaient.

Un jour j’ai tout simplement dit à ma mère que j’aimais un garçon, et voilà. Il n’y a pas eu de réaction bizarre. Deux ou trois ans plus tard, mon père est venu un jour toquer à la porte de ma chambre à 7h du matin. Il s’est assis sur mon lit et il m’a demandé si j’étais homosexuel. Je lui ai répondu qu’en effet j’aimais bien les hommes.

Il m’a dit qu’il n’avait aucun problème avec ça mais qu’il ne voulait pas que je mène une vie “d’homosexuel” (drogues, bars gay, plans cul…), que je sois dans le milieu et qu’il voulait que je reste le plus “normal” possible. Il m’a aussi dit que ça ne lui posait aucun problème qu’un jour je ramène un mec à la maison, mais qu’il ne voulait pas me voir dans Le Marais, ou des lieux comme ça. »

« J’ai commencé à faire mon coming out quand j’avais 19 ans. Je n’ai pas l’impression d’en avoir fait un mais plutôt d’en avoir fait 100 ! Je sortais avec une fille, et je n’ai pas fait d’annonce générale mais quand des ami·e·s me demandaient si je voyais quelqu’un, je leur disais que c’était une fille. Ça s’est fait comme ça, pas en mode “j’ai quelque chose à te dire”. J’ai eu beaucoup de chance parce que je suis dans un milieu marqué à gauche avec des ami·e·s plutôt ouvert·e·s sur ce genre de questions.

Ce qui a été pénible, ça a été les réactions de gens qui pensaient que c’était juste un passage, et qui ne voyaient pas ça comme quelque chose de définitif. Mais je n’ai pas eu de réflexions violentes.

Avec mes parents ça a été un peu plus compliqué. Ils ont mis plusieurs années avant d’accepter de rencontrer une de mes copines. Ma mère se disait : “Ah mais qu’est-ce que j’ai fait, est-ce que c’est de ma faute ?” Mais on en a discuté et maintenant tout se passe bien : je vis avec ma copine et quand ils m’appellent ils me demandent comment elle va. »

« Je n’ai jamais vraiment parlé de coming out parce que je n’avais pas l’impression que c’en était un, et il n’y a pas eu de jour J non plus. J’étais avec un copain au lycée et à cette époque-là j’étais déjà très proche de ma meilleure amie. Sans parler de sentiments, on flirtait avec des mecs et on en discutait toutes les deux. Moi, j’avais déjà des sentiments pour elle, mais on n’en a jamais vraiment parlé. Donc je me suis mis en couple et elle continuait de flirter.

Jusqu’au jour où ça nous a rendu jalouses, je racontais mes histoires et elles les siennes et ça nous a saoulées. Au bout d’un moment on s’est posé la question et on a parlé de nos sentiments qui étaient réciproques. Donc j’en ai parlé à mon copain : je lui ai expliqué que je ne pouvais plus être avec lui parce que j’aimais quelqu’un d’autre. Il a tout de suite compris qui c’était, il a fait la gueule… Mais il n’y a pas vraiment eu d’annonce grandiose.

Du côté de mes proches, certaines de mes meilleurs amies n’ont pas compris et m’ont lâchée parce qu’elles se disaient : “Comme t’aimes les filles, ça se trouve tu m’as regardée”. Globalement c’était compliqué à vivre. Tout le monde ne le prend pas de la même manière. Une fois en repas de famille on m’a demandé si j’étais en couple. J’ai répondu oui. Ma tante m’a demandé : “Il s’appelle comment ?” alors je lui ai répondu “Elle s’appelle…”. C’était un peu gênant… »

« Je ne sais pas si j’ai réellement eu ou fait mon coming out. Je sais seulement qu’après une longue période sans chercher ni trouver (plutôt des femmes du coup), je m’en suis remis aux applis de rencontres mais cette fois en cochant la case “bi” puisqu’il faut rentrer dans des “cases”. J’avais très peur mais en fin de compte, ça a été libérateur. Et aujourd’hui je suis en couple avec un garçon.

L’étape qui m’a permis d’avancer sans me préoccuper d’autre chose que de moi et de ce que je voulais a été d’en parler à quelques ami·e·s. Ma famille n’est pas encore au courant, mais sûrement parce que j’ai peur. J’attends d’avoir une relation forte et d’y croire vraiment pour en parler, ce qui devrait arriver bientôt car je commence à en ressentir le besoin. »

« Je n’ai pas choisi mon coming out. J’avais 15 ans, et j’avais rencontré sur un site de rencontre pour adolescents gays un garçon de mon âge… sauf qu’il habitait en Belgique. On s’appelait tout le temps et on s’envoyait des lettres.

J’ai fini par dire à mes parents que j’allais dormir chez une amie pour son anniversaire, mais en fait je suis allé le voir en train en Belgique. J’avais promis à ma mère de l’appeler le matin, sauf qu’à l’époque j’avais un téléphone prépayé avec un forfait qui ne fonctionnait pas à l’étranger. Mais j’étais amoureux de ce garçon, je me suis dit “tant pis”.

Quand je suis revenu en France le lendemain, j’ai vu que j’avais 30 appels manqués et 40 messages de mes parents qui s’inquiétaient… jusqu’au moment où ils me disaient qu’ils avaient fouillé ma chambre et qu’ils avaient lu les lettres que ce garçon m’avait envoyées. Et c’est comme ça que mes parents ont su que j’étais gay. »

* Les prénoms ont été modifiés

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