Vu d’ailleurs

Par Thaïs

Qui a déclaré la guerre aux poils pubiens ?

« Dessine-moi comme une de tes françaises », lance Rose à Jack alors qu’elle dévoile son corps vierge de tout poil — contrairement aux fameuses françaises dessinées dans le carnet. Ce passage de Titanic m’a toujours rappelé ce cliché tenace aux États-Unis : les femmes françaises ne s’épileraient pas.

Chez nous, c’est un cliché qu’on a sur d’autres pays : « non plutôt les Allemandes » m’a-t-on dit ici, ou encore « ah ça c’est les Portugaises ».

Pour l’anecdote, ce cliché sur la France remonterait à la 2nde Guerre mondiale (comme beaucoup de préconçus outre-Manche). Les soldats américains auraient remarqué que beaucoup de femmes n’étaient pas épilées sous les bras.

Anglaises, Allemandes, Françaises, Italiennes… Dans toute l’Europe, s’épiler une partie voire tout le pubis est assez répandu. Ce n’est pas le cas partout dans le monde, où l’on parle parfois d’une pratique « occidentale ».

Petit tour du monde des poils

Dans une grande partie de l’Asie de l’Est, l’épilation du pubis n’est pas fréquente. En Chine ou en Corée du Sud, vous ne trouverez pas d’esthéticienne pour vous épiler le maillot aussi facilement qu’en France, surtout en dehors des capitales. En Inde, c’est déjà plus simple : la chasse aux poils va avec l’esthétique bollywoodienne d’une peau lisse et sans défauts. Mais l’épilation du bas du corps reste une pratique moderne associée aux populations urbaines.

Les différentes « coupes » disponibles chez l’esthéticienne ont gravé certains préconçus. Aux États-Unis, vous pouvez opter pour un « French Wax » (notre ticket de métro), ou encore la « brésilienne » qu’on connait aussi ici — on retire tout (sauf une petite ligne au-dessus). Cette pratique serait-elle donc née au Brésil ? Pas vraiment. Elle a été inventée à New York dans une famille d’esthéticiennes, certes brésiliennes, mais aux clientes américaines qui ont répandu cette mode de l’intégrale dans les années 90.

Mais qui donc a initié cette guerre aux poils pubiens ?

L’ouverture des hostilités se situerait dans le bassin méditerranéen. Dans l’Antiquité déjà, les femmes faisaient la guerre aux poils — à commencer par les notables Égyptiennes qui utilisaient des sortes de pinces à épiler, de la cire ou encore un mélange de sucre, eau et citron pour s’en débarasser. Dans l’Empire romain, certaines femmes (et hommes) ôtaient tous leur poils, y compris pubiens. Jusqu’au XXe siècle en Europe, l’épilation féminine se pratiquait mais restait cantonnée à l’aristocratie.

En 1915, la marque américaine Gillette sort son premier rasoir féminin, destiné au grand public. Il est créé avant tout pour se débarrasser des poils sous les aisselles, que la mode du XIXe siècle cachait. Plus le corps se libère et se dévoile, plus les poils deviennent des cibles. En 1946, à la piscine Molitor à Paris, le monde découvre le bikini. L’épilation du maillot se démocratise dans la foulée.

Aujourd’hui, beaucoup de femmes ne se limitent pas aux quelques poils qui dépassent. Au Royaume-Uni par exemple, 50% des jeunes femmes s’épileraient intégralement.

Depuis le début des années 90, l’épilation intégrale ou quasi-intégrale s’est largement répandue. La représentation des sexes féminins dans les films pornographiques a joué un rôle important dans l’imaginaire collectif. Au delà de l’aspect purement esthétique, des arguments liés à « l’hygiène », « la sensation lors d’un rapport oral », ou encore la préférence du conjoint voient le jour. Toutefois, ceux-ci n’ont souvent aucun fondement scientifique ! C’est Tom qui vous l’explique.

Ces dernières années, les poils commencent à s’affranchir des clichés pour pousser ou disparaître, en toute individualité.

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