Votre expérience du consentement
Par Orianne
- Béatrice* — 22 ans, bisexuelle, en couple
Attention : ce premier témoignage fait mention d’un viol
« C’était lors de ma première expérience sexuelle il y a 5 ans. Au début j’avais envie, on s’est fait des caresses avec nos mains et avec nos bouches et c’était très bien. Il a voulu continuer mais j’hésitais. Il a tenté de m’exciter en me caressant, en m’embrassant. À un moment, il m’a redemandé, mais je ne le sentais pas. Il s’est énervé et m’a dit que je voulais. Il m’a pénétré brutalement. Je me souviens de ma tête qui heurte le mur violemment et de cette douleur à la tête sur laquelle je me suis concentrée tout en me détachant de la situation présente. J’ai compris un an après que c’était un viol. J’ai mis deux ans avant de pouvoir coucher avec un·e partenaire à nouveau. La fois d’après, j’ai eu une relation avec une femme et j’étais vraiment en confiance. C’est ça qui m’a rouvert la porte du plaisir partagé. »
- Émilie — 22 ans, pansexuelle, célibataire
« En parler ouvertement permet de débloquer des peurs ou des appréhensions vis-à-vis de certaines envies. Mais ça n’a pas toujours été aussi facile… Avec mon premier copain, la notion de consentement n’existait pas et généralement on couchait ensemble pour lui faire plaisir. On ne parlait pas du tout du consentement. On couchait ensemble parce que c’est la vision que nous avions d’un couple, c’est-à-dire on se met en couple, on couche ensemble, même si je n’en avais pas envie. Avec du recul, je pense que pour ma part c’est plus de la non-information que du non-consentement. On ne parlait pas autant de consentement qu’aujourd’hui, auprès des jeunes. »
- Virgil — 24 ans, hétérosexuel, célibataire
« Pour aborder le consentement en général, je glisse des questions dans le jeu de la séduction, du style : Ca te tente ça ? Qu’est-ce que tu aimes ? Qu’est-ce que tu as envie que je te fasse ? Et de fil en aiguille on arrive à des questions du style : Et qu’est-ce que tu n’aimes pas ? Qu’est-ce que tu n’as pas envie de faire ?. De là, on échange sur la notion de consentement. Toujours est-il que même après avoir échangé sur la question, si l’on ne se connaît pas encore parfaitement avec ma partenaire, j’aime bien glisser un petit S’il y a quoi que ce soit, surtout tu m’arrêtes. »
- Emma* — 23 ans, bisexuelle, en couple
« J’ai eu une période dans ma vie, de mes 19 à 21 ans, où je voulais beaucoup explorer ma sexualité. J’ai eu des rencontres éphémères. Souvent on ne se connaissait pas bien, mais on partait sur plein de choses, sans trop en parler. On se disait que l’autre était OK… et ça crée beaucoup d’espace pour cette zone grise entre le consentement et le viol. Plein de fois, j’ai ressenti que je n’étais pas à 100 % dans ce qui se passait, mais je me laissais porter parce que c’était plus facile. À l’époque je ne savais pas vraiment dire non, ni poser mes limites. Maintenant je suis beaucoup plus directe et j’ai l’impression que je reçois plus de respect en retour. »
* Les prénoms ont été modifiés
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