Comment vis-tu ton blocage ?

Par Orianne & Juliette

Emma* et Sacha* sont en couple depuis 3 ans et demi. Depuis un an, Emma souffre de dyspareunie de manière quasi permanente.

Comment ça se manifeste ?

Emma : « Je suis très stressée en ce moment, et je ne peux pas avoir de pénétration. Ç’est éprouvant et ça me fait mal. En plus, j’ai des mycoses à répétition, qui sont aussi liées au stress. »

Sacha : « Des fois c’est frustrant, mais ça ne heurte pas notre relation. Ce n’est pas la seule manière d’être intime avec quelqu’un, et on s’est rapprochés malgré cela. A un moment je me suis demandé si c’était de ma faute, mais elle m’a assuré que ce n’était pas le cas. »

Comment cela impacte ton quotidien ?

Emma : « C’est de la culpabilité et de l’incompréhension… Pourquoi je n’arrive pas à avoir envie ? Pourquoi ça me fait mal ? J’ai un copain super, qui me comprend et ne me met pas la pression. Mais il y a des jours où j’ai moins de mycoses et je me dis : là tu pourrais, pourquoi tu ne le fais pas ? Avant j’aimais ces moments-là. »

Sacha : « Je veux qu’elle soit dans un environnement qui l’aidera à surmonter ça. Qu’elle soit à l’aise, détendue et joyeuse. J’apprécie autant le temps passé avec elle (sinon plus) en dehors du lit. »

À quoi c’est lié ?

Emma : « J’ai eu une révélation hier. Je fais une thérapie psychologique en ce moment, un travail sur les traumatismes. J’ai été harcelée au collège, avec des violences physiques. Je me rends compte aujourd’hui que ça vient de là. On m’a fait tellement de mal que j’ai peur de la douleur, donc je mets en place des stratégies d’évitement. »

Sacha : « J’étais au courant de ces violences avant même qu’on sorte ensemble. Je savais que le harcèlement posait des problèmes à long terme aux victimes, mais je n’avais jamais imaginé que c’était aussi grave. »

Vous essayez de le soigner ?

Emma : « Oui, mais c’est une catastrophe le corps médical. La première fois, je suis allée voir une gynéco qui a été violente avec moi. Elle m’a dit : Putain mais il faut vous détendre, c’est que vous n’êtes pas prête… Allongez-vous. Et là, elle m’a mis un doigt. Même pas un instrument, un doigt pour savoir si ça passait. Quelle connasse.

Là je viens d’aller voir cinq gynécos différents. Ils me donnent tous la même crème, qui ne marche pas. Personne ne s’intéresse à l’aspect psychologique du blocage et les soins sont très chers. »

Sacha : « C’est difficile de trouver des médecins, d’obtenir des rendez-vous et les traitements sont encore en cours de développement. Il y a beaucoup de travail à faire. »


Aurore*, 22 ans, en couple depuis 4 ans, a connu un blocage sexuel lors de sa deuxième relation amoureuse. Ça ne lui était jamais arrivé.

« Quand j’ai commencé à sortir avec mon copain actuel, je sortais d’une relation compliquée. Je n’arrivais pas à oublier cette histoire et c’était compliqué de donner mon cœur et mon corps à quelqu’un d’autre, d’accorder ma confiance de nouveau. Dès le départ on a eu une très bonne alchimie au niveau personnalité. Mais on s’est lancé un peu vite je pense dans l’alchimie des corps. Quand on a essayé de le faire ça ne rentrait pas. C’était fermé. Lui ça fonctionnait, mais moi j’ai eu un gros blocage. Au début on s’est dit qu’il fallait prendre le temps, faire des préliminaires un peu plus longs. On a réessayé mais ça bloquait toujours. À partir de là j’ai compris que je n’étais pas prête à le faire, qu’il me fallait du temps pour accepter que quelqu’un d’autre entre dans ma vie. »

Comment as-tu réussi à débloquer la situation ?

« Simplement, j’ai écouté mon corps. On l’a refait deux mois plus tard et ça s’est fait tout naturellement, parce qu’on a pris le temps d’en parler. On s’est accordé du temps, le temps dont on avait besoin. Maintenant quand on en reparle on en rigole. On se dit que ça peut arriver encore d’autres fois. Quand le corps ne veut pas, il ne veut pas et il ne faut pas forcer. »


Manon* a 22 ans et c’est à la suite d’un traumatisme que son blocage est apparu.

« Moi c’est plutôt un blocage psychologique depuis que j’ai été violée par mon tout premier copain. Maintenant, j’ai du mal à faire confiance sexuellement parlant. C’est impossible pour moi d’avoir un partenaire d’un soir par exemple. »

Comment se manifeste ce blocage aujourd’hui ?

« Au début tout se passe bien et il y a un moment avant qu’il y ait pénétration où j’ai un gros blocage. Je pense que psychologiquement c’est aussi pour que dans ma tête je puisse me dire : oui tu as encore le choix de dire non. Le blocage est aussi devenu physique. Dans l’année qui vient de passer, j’ai eu une phase où c’était totalement mon corps qui bloquait. Niveau lubrification, y a rien qui se passait et j’étais toute coincée dans mon corps, mes épaules étaient fermées, j’étais un peu en boule. Il y a une sorte de système physique où tu veux te protéger de l’extérieur. La seule fois où j’ai réussi à sortir de cette dynamique-là ça été avec des partenaires sexuels que je connaissais depuis très longtemps, en qui j’avais vraiment confiance. »

*Les prénoms ont été modifiés

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