Vu d’ailleurs
Par Thaïs
La vasectomie : normalisée au Canada, taboue en France
Il existe une forme de contraception masculine, méconnue en France, mais qui concerne pourtant plus d’un Canadien sur cinq : la vasectomie.
L’opération consiste à couper les canaux déférents qui conduisent les spermatozoïdes hors des testicules. Elle est souvent pratiquée lorsqu’un homme a déjà eu des enfants et souhaite décharger sa compagne du poids de la contraception. Au Canada plus qu’ailleurs, ce poids se porte à deux.
La vasectomie est considérée comme permanente, même si l’opération peut être réversible, surtout quand l’homme est jeune. Les spermatozoïdes peuvent également être congelés.
Le Canada n’est pas le seul pays où la stérilisation masculine (réversible ou non) est inscrite dans la société : elle concerne 21 % des Britanniques, 15 % des Néozélandais ou encore 16,8 % des Sud-coréens.
Avec 0,8 %, la France est loin derrière l’ensemble de l’Europe de l’Ouest. Le sujet continue d’y être tabou : la vasectomie était encore illégale jusqu’en 2001 et ne peut se faire sans un délai de réflexion de 4 mois (comme la ligature des trompes) et trouver un chirurgien qui accepte l’opération relèverait du parcours du combattant. Dans une série de témoignages d’urologues recueillis par Sciences et Avenir, l’un d’eux avance par exemple : « Il y a toujours un danger d’opérer un homme qui dans dix ans rencontrera une femme jeune qui voudra des enfants. On protège le patient contre lui-même. »
Tabou lié à des questions de virilité ou manque de pratique et d’informations : seuls quelques milliers de Français optent pour la stérilisation.
Guillaume, 60 ans et remarié à une Canadienne, a choisi de faire l’opération en solidarité pour sa compagne : « Nous les hommes on n’a pas beaucoup de moyens, pour l’instant, de pouvoir participer à la contraception. Moi j’ai eu des enfants, ma famille : cette partie de ma vie est finie. Je suis allée en Suisse, voir un spécialiste. En France, c’est beaucoup moins accepté, et méconnu : on pense que ça affecte la vie sexuelle et la libido, alors que c’est aujourd’hui bénin et sans grandes conséquences. »
Comme lui, de plus en plus d’hommes sautent le pas. Entre 2010 et 2018, le nombre d’hommes ayant eu recours à la vasectomie a bondi de 491 %, selon l’assurance santé.
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